Celui qui ouvre une porte d’école,
ferme une prison.
[Victor Hugo]
Harpagon vient de s’apercevoir que
La scène 7 de l’acte III illustre la folie d’Harpagon ,
Lundi 20 Mars 2017
Bravo mon petit
Acte I
Une pièce de théâtre se compose généralement de trois phases
1 - Les
premières scènes (une ou deux en principe) sont des scènes d'exposition
qui présentent les personnages, leur fonction, leur statut social,
leurs relations et qui annoncent le début de l'action.
2- Le nœud de l'action où s'opposent les personnages et où se joue l'action principale.
3- Le dénouement (qui apporte la solution.)
L'acte est une division principale d'une pièce.
La scène est une partie d'un acte délimitée par l'entrée ou la sortie d'un ou de plusieurs personnages.
Les didascalies sont les indications scéniques données par l'auteur.
Chaque élément du dialogue, correspondant à un tour de parole, constitue une réplique.
ARGAN: malade imaginaire.
BELINE: seconde femme d'Argan.
ANGELIQUE: fille d'Argan et amante de Cléante.
LOUISON: petite fille d'Argan et soeur d'Angélique.
BERALDE: frère d'Argan.
CLEANTE: amant d'Angélique.
MONSIEUR DIAFOIRUS: médecin.
THOMAS DIAFOIRUS: son fils et amant d'Angélique.
MONSIEUR PURGON: médecin d'Argan.
MONSIEUR FLEURANT: apothicaire.
MONSIEUR BONNEFOI: notaire.
TOINETTE: servante.
BELINE: seconde femme d'Argan.
ANGELIQUE: fille d'Argan et amante de Cléante.
LOUISON: petite fille d'Argan et soeur d'Angélique.
BERALDE: frère d'Argan.
CLEANTE: amant d'Angélique.
MONSIEUR DIAFOIRUS: médecin.
THOMAS DIAFOIRUS: son fils et amant d'Angélique.
MONSIEUR PURGON: médecin d'Argan.
MONSIEUR FLEURANT: apothicaire.
MONSIEUR BONNEFOI: notaire.
TOINETTE: servante.
Acte I, Scène 5 - ARGAN, ANGELIQUE, TOINETTE
Quiproquo : méprise, erreur d'identité ; le fait de prendre une personne pour une autre.
ARGAN se met dans sa chaise.
Oh çà, ma fille, je vais vous dire une nouvelle, où peut-être ne vous attendez-vous pas. On vous demande en mariage. Qu'est-ce que cela? Vous riez? Cela est plaisant oui, ce mot de mariage! Il n'y a rien de plus drôle pour les jeunes filles. Ah! nature, nature! A ce que je puis voir, ma fille, je n'ai que faire de vous demander si vous voulez bien vous marier.
Oh çà, ma fille, je vais vous dire une nouvelle, où peut-être ne vous attendez-vous pas. On vous demande en mariage. Qu'est-ce que cela? Vous riez? Cela est plaisant oui, ce mot de mariage! Il n'y a rien de plus drôle pour les jeunes filles. Ah! nature, nature! A ce que je puis voir, ma fille, je n'ai que faire de vous demander si vous voulez bien vous marier.
Je dois faire, mon père, tout ce qu'il vous plaira de m'ordonner.
ARGAN
Je suis bien aise d'avoir une fille si obéissante: la chose est donc conclue, et je vous ai promise.
ANGELIQUE
C'est à moi, mon père, de suivre aveuglément toutes vos volontés.
ARGANMa femme, votre belle-mère, avait envie que je vous fasse religieuse, et votre petite soeur Louison aussi, et de tout temps elle a été aheurtée à cela.
TOINETTE, tout bas.
La bonne bête a ses raisons.
ARGANElle ne voulait point consentir à ce mariage; mais je l'ai emporté, et ma parole est donnée.
ANGELIQUE
Ah! mon père, que je vous suis obligée de toutes vos bontés!
TOINETTEEn vérité, je vous sais bon gré de cela; et voilà l'action la plus sage que vous ayez faite de votre vie.
ARGAN
Je n'ai point encore vu la personne: mais on m'a dit que j'en serais content, et toi aussi.
ANGELIQUE
Assurément, mon père.
ARGANComment! l'as-tu vu?
ANGELIQUEPuisque votre consentement m'autorise à vous pouvoir ouvrir mon coeur, je ne feindrai point de vous dire que le hasard nous a fait connaître il y a six jours, et que la demande qu'on vous a faite est un effet de l'inclination que, dès cette première vue, nous avons prise l'un pour l'autre.
ARGANIls ne m'ont pas dit cela; mais j'en suis bien aise, et c'est tant mieux que les choses soient de la sorte. Ils disent que c'est un grand jeune garçon bien fait.
ANGELIQUE
Oui, mon père.
ARGAN
De belle taille.
ANGELIQUE
Sans doute.
ARGANAgréable de sa personne.
ANGELIQUEAssurément.
ARGANDe bonne physionomie.
ANGELIQUE
Très bonne.
ARGAN
Sage et bien né.
ANGELIQUETout à fait.
ARGANFort honnête.
ANGELIQUELe plus honnête du monde.
ARGAN
Qui parle bien latin et grec.
ANGELIQUEC'est ce que je ne sais pas.
ARGAN
Et qui sera reçu médecin dans trois jours.
ANGELIQUE
Lui, mon père?
ARGANOui. Est-ce qu'il ne te l'a pas dit?
ANGELIQUE
Non, vraiment. Qui vous l'a dit, à vous?
ARGAN
Monsieur Purgon.
ANGELIQUEEst-ce que monsieur Purgon le connaît?
ARGANLa belle demande! Il faut bien qu'il le connaisse puisque c'est son neveu.
ANGELIQUECléante, neveu de monsieur Purgon?
ARGANQuel Cléante? Nous parlons de celui pour qui l'on t'a demandée en mariage.
ANGELIQUEEh! oui.
ARGAN
Eh bien, c'est le neveu de monsieur Purgon, qui est le fils de son beau-frère le médecin, monsieur Diafoirus; et ce fils s'appelle Thomas Diafoirus, et non pas Cléante; et nous avons conclu ce mariage-là ce matin, monsieur Purgon, monsieur Fleurant et moi; et demain ce gendre prétendu doit m'être amené par son père. Qu'est-ce? Vous voilà tout ébaubie!
ANGELIQUEC'est, mon père, que je connais que vous avez parlé d'une personne, et que j'ai entendu une autre.
La
pièce tourne essentiellement autour d'Argan, qui est le « malade
imaginaire » qui a donné son titre à la pièce. Veuf, il s'est remarié
avec Béline qui simule des soins attentifs, mais n'attend en réalité que
sa mort pour pouvoir hériter
Il se fait faire des saignées, des purges et prend toutes sortes de remèdes, dispensés par des médecins pédants et soucieux davantage de complaire à leur patient que de la santé de celui-ci. Toinette, sa servante, se déguise en médecin et lui dispense des conseils plein d'ironie où elle se moque du ridicule des médecins.
Angélique, sa fille, aime Cléante au grand dépit d'Argan. Il préférerait voir sa fille mariée à Thomas Diafoirus lui-même médecin.
Pour les tirer d'affaire, Toinette recommande à Argan de faire le mort. Sa femme est appelée par Toinette, et manifeste sa joie d'être débarrassée de son mari devant celui-ci, qu'elle croit mort. Toinette appelle ensuite Angélique, qui manifeste un chagrin sincère de la mort de son père : celui-ci arrête aussitôt son jeu et accepte l'union de sa fille avec Cléante, à la condition que ce dernier devienne médecin. Son frère, Béralde, lui conseille de devenir médecin lui-même, ce qu'il accepte.....
Tv5 Site extra /Théâtre : en scène (s) ! Il se fait faire des saignées, des purges et prend toutes sortes de remèdes, dispensés par des médecins pédants et soucieux davantage de complaire à leur patient que de la santé de celui-ci. Toinette, sa servante, se déguise en médecin et lui dispense des conseils plein d'ironie où elle se moque du ridicule des médecins.
Angélique, sa fille, aime Cléante au grand dépit d'Argan. Il préférerait voir sa fille mariée à Thomas Diafoirus lui-même médecin.
Pour les tirer d'affaire, Toinette recommande à Argan de faire le mort. Sa femme est appelée par Toinette, et manifeste sa joie d'être débarrassée de son mari devant celui-ci, qu'elle croit mort. Toinette appelle ensuite Angélique, qui manifeste un chagrin sincère de la mort de son père : celui-ci arrête aussitôt son jeu et accepte l'union de sa fille avec Cléante, à la condition que ce dernier devienne médecin. Son frère, Béralde, lui conseille de devenir médecin lui-même, ce qu'il accepte.....
Le lexique du théâtre
La comédie : Pièce qui montre les défauts des hommes en faisant rire. Elle se termine toujours bien.
- La tragédie : Mets en scène des héros en proie à un destin sans issue. Le héros finit très mal. Inspirée de l'histoire antique.
- La tragi-comédie : Elle met en scène des événements tristes. Mais se finit bien.
- Le chœur : Personnage accompagné de 5 choreutes qui chantent et dansent, entre ce que l'on appelle aujourd'hui les actes. (Pendant l'antiquité)
.
- Une satire : Un écrit qui se moque, qui tourne en dérision quelque chose ou quelqu'un.
- Une didascalie : Indication sur les lieux, les objets et la manière de jouer. Souvent en italique.
-
- Scène d'exposition : Elle correspond au début de la pièce (scène 1 et 2). Elle permet de renseigner les spectateurs sur l'intrigue.
aparté : Parole dite par un personnage inaudible par l'autre personnage et qui s'adresse au public
Dénouement (ou épilogue) : résolution de l'intrigue par l'élimination du dernier obstacle ou de la dernière péripétie ; partie de la pièce de théâtre qui la conclut (en général la dernière scène).
.
Intermède : petit spectacle intercalé entre les actes d'une pièce
Quiproquo : méprise, erreur d'identité ; le fait de prendre une personne pour une autre.
Récit : long développement par lequel un personnage généralement secondaire vient exposer des faits qui se sont déroulés en dehors du théâtre.
Réplique : partie du dialogue prononcée d'un seul tenant (sans interruption) par un personnage
Exercice
http://palf.free.fr/esaintot/lexique.htm
découvrir l'univers du théâtre.
http://www.dossiers.latroupeduroy.fr/5.html
LA
- La tragédie : Mets en scène des héros en proie à un destin sans issue. Le héros finit très mal. Inspirée de l'histoire antique.
- La tragi-comédie : Elle met en scène des événements tristes. Mais se finit bien.
- Le chœur : Personnage accompagné de 5 choreutes qui chantent et dansent, entre ce que l'on appelle aujourd'hui les actes. (Pendant l'antiquité)
.
- Une satire : Un écrit qui se moque, qui tourne en dérision quelque chose ou quelqu'un.
- Une didascalie : Indication sur les lieux, les objets et la manière de jouer. Souvent en italique.
-
- Scène d'exposition : Elle correspond au début de la pièce (scène 1 et 2). Elle permet de renseigner les spectateurs sur l'intrigue.
aparté : Parole dite par un personnage inaudible par l'autre personnage et qui s'adresse au public
Dénouement (ou épilogue) : résolution de l'intrigue par l'élimination du dernier obstacle ou de la dernière péripétie ; partie de la pièce de théâtre qui la conclut (en général la dernière scène).
.
Intermède : petit spectacle intercalé entre les actes d'une pièce
Quiproquo : méprise, erreur d'identité ; le fait de prendre une personne pour une autre.
Récit : long développement par lequel un personnage généralement secondaire vient exposer des faits qui se sont déroulés en dehors du théâtre.
Réplique : partie du dialogue prononcée d'un seul tenant (sans interruption) par un personnage
Exercice
http://palf.free.fr/esaintot/lexique.htm
Le(s) rideau(x) : Dans le vocabulaire du
théâtre, il y a plusieurs types de rideaux, le plus familier ou le plus connu
étant le rideau d'avant-scène. D'autre part, et particulièrement
lorsque ces rideaux sont des éléments de décors, on emploie surtout le mot toile.
Les coulisses : C'est l'envers du décor.
L'espace non visible par le spectateur qui se trouve de part et d'autre du côté
cour et du côté jardin et qui contient les pendrillons.
Les pendrillons : Rideaux, la plupart du temps en velours noir,
placés de chaque côté du plateau. Les pendrillons forment les coulisses.
La rampe : C'est la galerie lumineuse
qui borde l'avant de la scène d'un bout
à l'autre.
Le manteau d'Arlequin : C'est la partie de la scène
qui commence au rideau et se termine aux premiers pendrillons . Elle est généralement
décorée d'une draperie de couleur rouge. Il est possible d'élargir ou de
rétrécir à volonté cet encadrement de scène. C'est pourquoi on appelle aussi le
manteau d'Arlequin, le cadre mobile.
découvrir l'univers du théâtre.
http://www.dossiers.latroupeduroy.fr/5.html
LA
POUDRE AUX YEUX
COMÉDIE
EN DEUX ACTEs, EN PROSE
représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Gymnase-dramatique, le 19 octobre 1861
Objectifs : IDENTIFIER ET RECONNAÎTRE :
- LES FORMES DU DISCOURS THÉÂTRAL (en vers ou en prose, le dialogue, le monologue, la tirade, l'aparté...)
- L'ORGANISATION D'UNE PIECE (la scène d'exposition, le nœud de l'action et le dénouement)
- LES INDICATIONS SCENIQUES (l'acte, la scène, les didascalies)
ACTE I
Un salon bourgeois chez Malingear : piano à gauche, bureau à droite, guéridon au milieu.
Scène première
Sophie.
Alors, madame, il ne faudra pas de poisson ?
Madame Malingear, assise à droite du guéridon et travaillant.
Non !… Il a fait du vent toute la semaine, il doit être hors de prix… Mais tâchez que votre filet soit avantageux.
Sophie.
Et pour légumes ?… On commence à voir des petits pois.
Madame Malingear.
Vous savez bien que les primeurs n’ont pas de goût… Vous nous ferez un chou farci.
Sophie.
Comme la semaine dernière ?…
Madame Malingear.
En revenant du marché, vous apporterez votre livre. Nous compterons.
Sophie.
Bien, madame.
Elle sort par la droite.
Scène II
Malingear, entrant par le fond.
C’est moi… Bonjour, ma femme !
Madame Malingear.
Tiens… tu étais sorti ?… D’où viens-tu ?…
Malingear.
Je viens de voir ma clientèle.
Madame Malingear.
Ta
clientèle ! Je te conseille d’en parler… Tu ne soignes que les
accidents de la rue, les gens qu’on écrase ou qui tombent par les
fenêtres.
Malingear, s’asseyant.
Eh bien, ce matin, on est venu me chercher à six heures… chez moi… J’ai un malade.
Madame Malingear.
C’est un étranger, alors ?
Malingear.
Non… un Français.
Madame Malingear.
C’est la première fois, depuis deux ans, qu’on songe à te déranger.
Malingear, gaiement.
Je me lance.
Madame Malingear.
À
cinquante-quatre ans, il est temps ! Veux-tu que je te dise : c’est le
savoir-faire qui te manque, tu as une manière si ridicule d’entendre la
médecine !
Malingear.
Comment ?…
Madame Malingear.
Quand,
par hasard, le ciel t’envoie un client, tu commences par le rassurer…
Tu lui dis : "Ce n’est rien ! c’est l’affaire de quelques jours."
Malingear.
Pourquoi effrayer ?
Madame Malingear.
Avec
ce système-là, tu as toujours l’air d’avoir guéri un bobo, une
engelure !… Je connais plusieurs de tes confrères… de vrais médecins,
ceux-là ! quand ils approchent un malade, ce n’est pas pour deux jours !
Ils disent tout de suite : "Ce sera long, très long ! " Et ils
appellent un de leurs collègues en consultation.
Malingear.
À quoi bon ?…
Madame Malingear.
C’est une politesse que celui-ci s’empresse de rendre la semaine suivante… Voilà comment on se fait une clientèle !
Malingear, se levant.
Quant à moi, jamais !
Madame Malingear.
Toi, avec ta bonhomie, tu as perdu peu à peu tous tes clients… Il t’en restait un… le dernier… un brave homme…
Malingear.
M. Dubourg… notre voisin ?
Madame Malingear.
Il
avait avalé une aiguille, sans s’en douter… Tu le traites quinze jours…
Très bien !… ça marchait… Mais voilà qu’un beau matin tu as la bêtise
de lui dire : "Mon cher monsieur Dubourg, je ne comprends rien du tout à
votre maladie."
Malingear.
Dame !… quand on ne comprend pas !…
Madame Malingear.
Quand on ne comprend pas… on dit : "C’est nerveux !…" Ah ! si j’étais médecin !…
Malingear.
Quel charlatan tu ferais !…
Madame Malingear.
Heureusement
que la Providence nous a donné vingt-deux bonnes mille livres de rente,
et que nous n’attendons pas après ta clientèle. Qu’est-ce que c’est que
cette personne qui est venue ce matin ?…
Elle se rassied.
Malingear, un peu embarrassé. C’est… c’est un jeune homme…
Madame Malingear.
De famille ?
Malingear, prenant des billets de banque dans un tiroir du bureau.
Oui… il a de la famille… Tiens, prends ces quatre mille francs.
Madame Malingear.
Pour quoi faire ?
Malingear.
Nous avons fait renouveler notre meuble de salon, et c’est aujourd’hui que le tapissier doit venir toucher sa note.
Madame Malingear, Prenant les billets de banque.
Ah ! c’est juste… Eh bien, ce client ?
Elle se lève.
Malingear.
Ah ! que tu es curieuse !… C’est un cocher de la maison qui a reçu un coup de pied de cheval… Là !
Madame Malingear.
Un cocher ?… Mon compliment !… Demain, on viendra te chercher pour le cheval.
Malingear.
Plaisante
tant que tu voudras ! mais je suis enchanté d’avoir donné mes soins à
ce brave garçon… En causant avec lui, j’ai appris des choses…
Madame Malingear.
Quoi donc ?
Malingear.
On jase sur notre maison.
Madame Malingear.
Sur nous ?… Que peut-on dire ?
Malingear.
Pas sur nous ; mais sur ce jeune homme qui vient tous les jours faire de la musique avec ta fille.
Madame Malingear.
M. Frédéric ? dont nous avons fait connaissance l’été dernier aux bains de mer de Pornic ?
Malingear.
On dit que c’est le prétendu d’Emmeline. Hier soir, chez le concierge, on a même fixé le jour du mariage.
Madame Malingear.
Ah ! mon Dieu !
Malingear.
Tu vois qu’il est quelquefois bon de soigner les cochers.
Madame Malingear.
Que faire ?…
Malingear.
Il faut trancher dans le vif… Certainement M. Frédéric est très gentil, très distingué…
Madame Malingear.
Ah ! charmant !
Malingear.
Et
c’est fort aimable à lui de venir tapoter notre piano sept fois par
semaine ; mais il faut qu’il s’explique… Il est temps,. grand temps !…
Madame Malingear.
Comment ?…
Malingear.
Emmeline est triste… elle ne mange plu
LE PETIT MALADE
LE MEDECIN, le chapeau à la main - C'est ici,madame qu'il y a un petit malade?
MADAME
- C'est ici, docteur; entrez donc. c est pour mon petit garçon.
Figurez vous, ce pauvre mignon, je ne sais pas comment ça se fait,
depuis ce matin, tout le temps il tombe.
LE MÉDECIN - Il tombe !
MADAME - Tout le temps; oui, docteur,
LE MÉDECIN Par terre ?
MADAME - Par terre.
LE MÉDECIN C'est étrange, cela... Quel âge a-t-il ?
MADAME -Quatre ans et demi.
LE MÉDECIN Quand le diable y serait, on tient sur ses jambes, à cet âge-là ! et comment ça lui a-t-il-pris ?
MADAME
-Je n'y comprends rien, je vous dis. très bien hier soir et il trottait
comme un lapin à travers l'appartement. Ce matin, je vais pour le
lever, comme j'ai l'habitude de le faire. Je lui enfile ses bas, je
lui passe sa culotte, et je le mets sur ses jambes. Pouf! il tombe.
LE MÉDECIN Un faux pas, peut-être.
MADAME
- Attendez ! Je me précipite ; je le relève Pouf! il tombe une seconde
fois. Etonnée je le relève encore... Pouf! par terre ! et comme ça
sept ou huit fois de suite. Bref, docteur, je vous le répète, je ne
sais pas comment ça se fait, depuis ce matin, tout le temps, il tombe.
LE MÉDECIN - Voilà qui tient du merveilleux... Je puis voir le petit malade?
- Sans doute.
Elle
sort puis reparaît tenant dans ses bras le gamin. Celui-ci arbore sur
ses joues les couleurs d'une extravagante bonne santé.
Il est vêtu d'un pantalon et d'une blouse lâche, empesée de confitures séchées.
LE MÉDECIN - Il est superbe, cet enfant-là ! Mettez-le à terre, je vous prie.
La mère obéit L'enfant tombe.
LE MÉDECIN - Encore une fois, s'il vous plaît.
Même jeu que ci-dessus. L’enfant tombe..
MADAME - Encore.
Troisième mise sur pieds, immédiatement suivie de la chute du petit malade qui tombe tout le temps.
LE MÉDECIN rêveur - C'est inouï,
Au petit malade, que soutient sa mère sous les bras.
LE MÉDECIN Dis-moi, mon petit ami, tu as du bobo quelque part ?
TOTO - Non, monsieur.
LE MÉDECIN - Cette nuit, tu as bien dormi?
TOTO - Oui, monsieur.
LE MÉDECIN - Et tu as de l'appétit, ce matin? Mangerais-tu volontiers une petite sousoupe?
TOTO - Oui, monsieur.
LE MÉDECIN - Parfaitement . C'est de la paralysie.
MADAME - De la para ! Ah ! Dieu !
Elle lève les bras au ciel. L'enfant tombe.
LE
MÉDECIN - Hélas ! Oui, madame. Paralysie complète des membres
inférieurs. D'ailleurs, vous allez voir vous-même que les chairs du
petit malade sont frappées d'insensibilité absolue.
Tout en parlant, il s'est approche du gamin et il s'apprête à faire l'expérience indiquée, mais tout a coup:
LE MÉDECIN Ah, ça, mais... ah ça, mais... ah ça, mais... Puis éclatant:
Eh ! Sacrédié, madame, qu'est-ce que vous venez me chanter avec votre paralysie?
MADAME - Mais docteur...
LE
MÉDECIN - Je le crois bien, tonnerre de Dieu, qu'il ne puisse tenir sur
ses pieds... Vous lui avez mis les deux jambes dans la même jambe du
pantalon !
G. COURTELINE, Le Petit Malade.
L’addition
Le Client - Garçon, l’addition !
Le Garçon - Voilà. (Il sort n crayon et note)Vous avez
deux œufs durs, un veau, un petit pos, une asperge, un fromage avec
beurre, une amande verte, un café filtre, un téléphone.
Le Client - Et puis des cigarettes !
Le Garçon commence à compter.
Le Garçon - C’est ça même ...Des cigarettes... Alors ça fait...
Le Client - N’insistez pas, mon ami, c’est inutile, vous ne réussirez jamais.
Le Garçon - ! ! !
Le Client - On ne vous a donc pas appris à l’école que
c’est ma-thé-ma-ti-que-ment impossible d’additionner des choses
d’espèces différentes !
Le Garçon - ! ! !
Le Client - Enfin, tout de même, de qui se
moque-t-on ? ! Il faut réellement être insensé pour oser essayer de
tenter d’ « additionner » un veau avec des cigarettes, des cigarettes
avec un café filtre, un café filtre avec une amande verte et des œufs
durs avec des petits pois, des petits pois avec un téléphone...Pourquoi
pas un petit pois avec un grand officier de la légion d’honneur, pendant
que vous y êtes !
Il se lève
Le Client - Non, mon ami, croyez-moi, n’insistez pas, ne
vous fatiguez pas, ça ne donnera rien, vous entendez, rien, absolument
rien...Pas même le pourboire !
Et il sort en emportant le rond de serviette à titre gracieux.
Jacques Prévert
On purge bébé
On purge bébé est un vaudeville de Georges Feydeau, représenté pour la première fois le 12 avril 1910 au Théâtre des Nouveautés. Il s'agit d'une pièce en un acte composé de 11 scènes
Résumé
M. Follavoine, un fabricant de porcelaine, a invité à déjeuner, dans son coquet appartement, un client de marque : Chouilloux, président de la Commission qui doit statuer sur l'acquisition par l'Armée française de pots de chambre destinés aux hommes de troupe. Il espère -+
6+le marché, ayant mis au point un système de pots présumés incassables.
Pour mettre toutes les chances de son côté, il a invité également Mme Chouilloux et son amant de cœur, un certain Truchet. L'infortune conjugale de Chouilloux est en effet de notoriété publique, et il eût été malséant de ne pas inviter le trio au grand complet.
Mais un événement fâcheux va contrarier ses plans. Sa femme, Julie, encore en bigoudis et robe de chambre, vient le trouver dans son bureau pour se plaindre des caprices de leur fils Hervé, dit Toto : ce dernier, qui «n'a pas été» ce matin-là, refuse obstinément d'avaler le purgatif qu'on lui destine. Chouilloux arrive sur ces entrefaites et s'efforce de jouer les conciliateurs, lui-même ayant été soigné naguère pour «constipation relâchée».
Tout va se liguer contre Follavoine : deux pots de chambre lancés à titre d'essai dans le couloir pour impressionner son client vont se briser en mille morceaux; sa femme excédée par l'attitude peu coopérative du visiteur va le traiter publiquement de cocu; l'arrivée intempestive de Mme Chouilloux et de son amant mettra le comble à la confusion. Follavoine, à bout de nerfs, quitte la maison, laissant en affectueux tête-à-tête sa femme et son fils, qui n'a toujours pas pris sa purge.
Atelier d'écriture
Kino est un pêcheur indien qui vit dans la pauvreté la plus grande. Cherchant chaque jour comment il va faire pour nourrir son épouse Juana et son fils Coyotito, la vie est un enfer et Kino médite longuement sur les différences de classe entre riches et pauvres.
Un jour, son petit garçon, pas très costaud, est piqué par un scorpion et risque la mort. Kino n'a pas l'argent nécessaire pour le faire soigner, il devient fou et va trouver le médecin de la ville la plus proche en l'implorant de l'aider. Ce dernier, homme qui déteste les indiens, lui refuse les soins et la charité. Kino est furieux et désemparé, prêt à tout, or il se trouve que ce médecin est un grand amateur de perles. Kino est pêcheur de perles, il y a peut-être moyen de s'arranger. A force de ténacité et de plongées, Kino finit par trouver la plus grosse perle qui soit, énorme caillou qui lui fait perdre la tête. Il se dit que le bonheur est proche, qu'il va pouvoir acheter à boire et à manger, des vêtements neufs pour sa femme et son fils et un fusil et des meubles…
Un jour, son petit garçon, pas très costaud, est piqué par un scorpion et risque la mort. Kino n'a pas l'argent nécessaire pour le faire soigner, il devient fou et va trouver le médecin de la ville la plus proche en l'implorant de l'aider. Ce dernier, homme qui déteste les indiens, lui refuse les soins et la charité. Kino est furieux et désemparé, prêt à tout, or il se trouve que ce médecin est un grand amateur de perles. Kino est pêcheur de perles, il y a peut-être moyen de s'arranger. A force de ténacité et de plongées, Kino finit par trouver la plus grosse perle qui soit, énorme caillou qui lui fait perdre la tête. Il se dit que le bonheur est proche, qu'il va pouvoir acheter à boire et à manger, des vêtements neufs pour sa femme et son fils et un fusil et des meubles…
"Dans la perle, il vit comment ils seraient habillés : Juana dans un châle neuf, tout raide de nouveauté, et au bas de la longue jupe, Kino vit dépasser ses pieds chaussés de souliers. C'était là, dans la perle, c'était là qu'il voyait l'image. Lui aussi portait des habits blancs tout neufs et il tenait un chapeau à la main - pas un chapeau de paille, mais un beau feutre noir. Et lui aussi avait des chaussures - non pas des sandales, mais de vrais souliers à lacets. Et Coyotito - c'était lui qu'il fallait voir - était vêtu d'un costume marin bleu, le costume des marins américains, avec, sur la tête, une petite casquette de yachtman, comme celle que Kino avait vue, il y avait longtemps, à bord d'un bateau de plaisance ancré dans l'estuaire. Toutes ces choses, Kino les vit dans la perle luisante et il dit : « Nous aurons des habits neufs . »,
La perle John Steinbeck ,éd.Gallimard
Transforme ce récit en un monologue avec des indications scéniques décrivant les gestes de kino ,son regard,ses expressions ....
Fais parler Kino à la première personne du singulier et au présent de l'indicatif
Exemple de début:
Kino,seul sur scène ,regardant attentivement la perle .
Le théâtre en classe de français
Chimène : fille de Don Gomès et maîtresse de don Sanche et de don Rodrigue dont elle est aussi l’amante.
Don Gomès (le comte) : comte de Gormas et père de Chimène.
Don Diègue [de Bivar] : père de don Rodrigue.
Don Diègue et le comte de Gomès ont décidé d’unir leurs enfants Rodrigue et Chimène, qui s'aiment. Mais le comte, jaloux de se voir préférer le vieux don Diègue pour le poste de précepteur du prince, offense ce dernier en lui donnant un soufflet. Don Diègue, affaibli par l’âge et trop vieux pour se venger par lui-même, remet sa vengeance entre les mains de son fils Rodrigue qui, déchiré entre son amour et son devoir, finit par écouter la voix du sang et tue le père de Chimène en duel. Chimène essaie de renier son amour et le cache au roi, à qui elle demande la tête de Rodrigue. Mais l’attaque du royaume par les Maures donne à Rodrigue l’occasion de prouver sa valeur et d’obtenir le pardon du roi. Plus que jamais amoureuse de Rodrigue devenu un héros national, Chimène reste sur sa position et obtient du roi un duel entre don Sanche, qui l'aime aussi, et Rodrigue. Elle promet d’épouser le vainqueur. Rodrigue victorieux reçoit du roi la main de Chimène : le mariage sera célébré dans un délai d’un an.
Acte 1 , Scène 6
Percé jusques au fond du coeur
D'une atteinte imprévue aussi bien que mortelle,
Misérable vengeur d'une juste querelle,
Et malheureux objet d'une injuste rigueur,
Je demeure immobile, et mon âme abattue
Cède au coup qui me tue.
Si près de voir mon feu récompensé,
Ô Dieu, l'étrange peine !
En cet affront mon père est l'offensé,
Et l'offenseur le père de Chimène !
D'une atteinte imprévue aussi bien que mortelle,
Misérable vengeur d'une juste querelle,
Et malheureux objet d'une injuste rigueur,
Je demeure immobile, et mon âme abattue
Cède au coup qui me tue.
Si près de voir mon feu récompensé,
Ô Dieu, l'étrange peine !
En cet affront mon père est l'offensé,
Et l'offenseur le père de Chimène !
Que je sens de rudes combats !
Contre mon propre honneur mon amour s'intéresse :
Il faut venger un père, et perdre une maitresse.
L'un m'anime le coeur, l'autre retient mon bras.
Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme,
Ou de vire en infâme,
Des deux côtés mon mal est infini.
Ô Dieu, l'étrange peine !
Paut-il laisser un affront impuni ?
Faut-il punir le père de Chimène ? Père, maitresse, honneur, amour,
Noble et dure contrainte, aimable tyrannie,
Tous mes plaisirs sont morts, ou ma gloire ternie.
L'un me rend malheureux, l'autre indigne du jour.
Cher et cruel espoir d'une âme généreuse,
Mais ensemble amoureuse,
Digne ennemi de mon plus grand bonheur,
Fer qui cause ma peine,
M'es-tu donné pour venger mon honneur ?
M'es-tu donné pour perdre ma Chimène ?
Contre mon propre honneur mon amour s'intéresse :
Il faut venger un père, et perdre une maitresse.
L'un m'anime le coeur, l'autre retient mon bras.
Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme,
Ou de vire en infâme,
Des deux côtés mon mal est infini.
Ô Dieu, l'étrange peine !
Paut-il laisser un affront impuni ?
Faut-il punir le père de Chimène ? Père, maitresse, honneur, amour,
Noble et dure contrainte, aimable tyrannie,
Tous mes plaisirs sont morts, ou ma gloire ternie.
L'un me rend malheureux, l'autre indigne du jour.
Cher et cruel espoir d'une âme généreuse,
Mais ensemble amoureuse,
Digne ennemi de mon plus grand bonheur,
Fer qui cause ma peine,
M'es-tu donné pour venger mon honneur ?
M'es-tu donné pour perdre ma Chimène ?
ChimèneElle est un des plus beaux types de femmes du théâtre cornélien et classique en général. Comme Rodrigue, elle est pleine d’énergie et d’amour, de jeunesse et de fidélité, sentiments qu’elle démontre tout d’abord après la mort de son père. Le devoir lui commande de demander la tête de Rodrigue au roi. Comme son fiancé, elle étouffe l’amour profond qu’elle éprouve pour son bien aimé, avec le même héroïsme que Rodrigue, étant fermement décidée à suivre la voie du devoir, pour défendre l’honneur de son père tué et pour se rendre digne de l’amour de Rodrigue. Son amour est basé sur l’estime qu’elle ressent pour les qualités morales de Rodrigue, mais elle ne veut être inférieure à lui, elle veut rivaliser avec Rodrigue en ce qui concerne la générosité...
Rodrigue est un général habile, courageux et rusé dans le combat avec les Maures. Vis-à-vis de son père il se montre bon fils, dévoué. Pour Chimène, il est un fiancé délicat et l’amour qu’il éprouve pour elle est constant, malgré tous les obstacles qui s’y opposent. Son héroïsme ressort de l’attitude qu’il garde dans le conflit moral. Il se trouve placé entre l’amour pour Chimène et le devoir de venger l’honneur de sa famille gravement compromise par le père de sa fiancée, à cause de l’outrage fait à Don Diègue. Dans une lutte terrible, qui se livre dans un coeur déchiré par la douleur, il étouffe, avec un grand héroïsme, son amour, parce que cette passion l’empêcherait de faire son devoir. Un tel effort de volonté de la part du héros, un tel sacrifice provoque notre admiration. L’amour entre Rodrigue et Chimène est basé sur l’estime, et Rodrigue serait méprisé par Chimène s’il négligeait son devoir. Par conséquent, Rodrigue tue le comte pour faire son devoir, mais aussi pour garder l’estime de Chimène.
Rodrigue inspire aux spectateurs des sentiments d’estime et de sympathie.
Rodrigue inspire aux spectateurs des sentiments d’estime et de sympathie.
L’école devrait toujours avoir pour but de donner à ses élèves une personnalité harmonieuse, et non de les former en spécialiste. [Albert Einstein]
Scène première
Follavoine, puis RoseAu lever du rideau. Follavoine, penché sur sa table de travail, la jambe gauche repliée sur son fauteuil de bureau, la croupe sur le bras du fauteuil, compulse son dictionnaire.
Follavoine, son dictionnaire ouvert devant lui sur la table.
Voyons : « Iles Hébrides ?… Iles Hébrides ?… Iles Hébrides ?… » (On frappe à la porte. — Sans relever la tête et avec humeur.) Zut ! entrez ! (À Rose qui paraît.) Quoi ? Qu’est-ce que vous voulez ?
Rose, arrivant du pan coupé de gauche.
C’est Madame qui demande Monsieur.
Follavoine, se replongeant dans son dictionnaire et avec brusquerie.
Eh ! bien, qu’elle vienne !… Si elle a à me parler, elle sait où je suis.
Rose, qui est descendue jusqu’au milieu de la scène,
Madame est occupée dans son cabinet de toilette ; elle ne peut pas se déranger.
Follavoine
Vraiment ? Eh bien, moi non plus ! Je regrette ! je travaille.
Rose, avec indifférence,
Bien, Monsieur.Elle fait mine de remonter.
Follavoine, relevant la tête, sans lâcher son dictionnaire. — Sur le même ton brusque.
D’abord, quoi ? Qu’est-ce qu’elle me veut ?
Rose, qui s’est arrêtée à l’interpellation de Follavoine.
Je ne sais pas, Monsieur.
Follavoine
Eh ! bien, allez lui demander !
Rose
Oui, Monsieur,Elle remonte.
Follavoine
C’est vrai ça !… (Rappelant Rose au moment où elle va sortir.) Au fait, dites donc, vous…
Rose, redescendant.
Monsieur ?
Follavoine
Par hasard, les… les Hébrides… ?
Rose, qui ne comprend pas.
Comment ?
Follavoine
Les Hébrides ?… Vous ne savez pas où c’est ?
Rose, ahurie.
Les Hébrides ?
Follavoine
Oui.
Rose
Ah ! non !… non !… (Comme pour se justifier.) C’est pas moi qui range ici !… c’est Madame.
Follavoine, se redressant en refermant son dictionnaire sur son index de façon à ne pas perdre la page.
Quoi ! quoi, « qui range » ! les Hébrides !… des îles ! bougre d’ignare !… de la terre entourée d’eau… vous ne savez pas ce que c’est ?
Rose, ouvrant de grands yeux.
De la terre entourée d’eau ?
Follavoine
Oui ! de la terre entourée d’eau, comment ça s’appelle ?
Rose
De la boue ?
Follavoine, haussant les épaules.
Mais non, pas de la boue ? C’est de la boue quand il n’y a pas beaucoup de terre et pas beaucoup d’eau ; mais, quand il y a beaucoup de terre et beaucoup d’eau, ça s’appelle des îles !
Rose, abrutie,
Ah ?
Follavoine
Eh ! bien, les Hébrides, c’est ça ! c’est des îles ! par conséquent, c’est pas dans l’appartement.
Rose, voulant avoir compris.
Ah ! oui !… c’est dehors !
Follavoine, haussant les épaules.
Naturellement ! c’est dehors.
Rose
Ah ! ben, non ! non je les ai pas vues.
Follavoine, quittant son bureau et poussant familièrement Rose vers la porte pan coupé.
Oui, bon, merci, ça va bien !
Rose, comme pour se justifier.
Y a pas longtemps que je suis à Paris, n’est-ce pas… ?
Follavoine
Oui !… oui, oui !
Rose
Et je sors si peu !
Follavoine
Oui ! ça va bien ! allez… Allez retrouver Madame.
Rose
Oui, Monsieur !Elle sort.
Follavoine
Elle ne sait rien cette fille ! Rien ! qu’est-ce qu’on lui a appris à l’école ? (Redescendant jusque devant la table contre laquelle il s’adosse.) « C’est pas elle qui a rangé les Hébrides » ! Je te crois, parbleu ! (Se replongeant dans son dictionnaire.) « Z’Hébrides… Z’Hébrides… » (Au public.) C’est extraordinaire ! je trouve zèbre, zébré, zébrure, zébu !… Mais de Zhébrides, pas plus que dans mon œil ! Si ça y était, ce serait entre zébré et zébrure. On ne trouve rien dans ce dictionnaire !Par acquit de conscience, il reparcourt des yeux la colonne qu’il vient de lire.
Le Tartuffe, ou l'Imposteur
Le texte de la Scène 4 Acte 1 de la pièce de Molière : Le Tartuffe, ou l'Imposteur<< Le Tartuffe, Acte 1 |
ORGON, CLÉANTE, DORINE. | ||
ORGON | ||
Ah, mon frère, bonjour. | ||
CLÉANTE | ||
Je sortais, et j'ai joie à vous voir de retour: | ||
225 | La campagne, à présent, n'est pas beaucoup fleurie. | |
ORGON | ||
Dorine, mon beau-frère, attendez, je vous prie. Vous voulez bien souffrir, pour m'ôter de souci, Que je m'informe un peu des nouvelles d'ici. Tout s'est-il, ces deux jours, passé de bonne sorte? | ||
230 | Qu'est-ce qu'on fait céans? Comme est-ce qu'on s'y porte? | |
DORINE | ||
Madame eut, avant-hier, la fièvre jusqu'au soir, Avec un mal de tête étrange à concevoir. | ||
ORGON | ||
Et Tartuffe? | ||
DORINE | ||
Tartuffe? Il se porte à merveille, | ||
Gros, et gras, le teint frais, et la bouche vermeille. | ||
ORGON | ||
235 | Le pauvre homme! | |
DORINE | ||
Le soir elle eut un grand dégoût, | ||
Et ne put au souper toucher à rien du tout, Tant sa douleur de tête était encor cruelle. | ||
ORGON | ||
Et Tartuffe? | ||
DORINE | ||
Il soupa, lui tout seul, devant elle, | ||
Et fort dévotement il mangea deux perdrix, | ||
240 | Avec une moitié de gigot en hachis. | |
ORGON | ||
Le pauvre homme! | ||
DORINE | ||
La nuit se passa tout entière, | ||
Sans qu'elle pût fermer un moment la paupière; Des chaleurs l'empêchaient de pouvoir sommeiller, Et jusqu'au jour, près d'elle, il nous fallut veiller. | ||
ORGON | ||
Et Tartuffe? | ||
DORINE | ||
245 | Pressé d'un sommeil agréable, | |
Il passa dans sa chambre, au sortir de la table; Et dans son lit bien chaud, il se mit tout soudain, Où sans trouble il dormit jusques au lendemain. | ||
ORGON | ||
Le pauvre homme! | ||
DORINE | ||
À la fin, par nos raisons gagnée, | ||
250 | Elle se résolut à souffrir la saignée, Et le soulagement suivit tout aussitôt. | |
ORGON | ||
Et Tartuffe? | ||
DORINE | ||
Il reprit courage comme il faut ; | ||
Et contre tous les maux fortifiant son âme, Pour réparer le sang qu'avait perdu Madame, | ||
255 | But à son déjeuner, quatre grands coups de vin. | |
ORGON | ||
Le pauvre homme*! | ||
DORINE | ||
Tous deux se portent bien enfin; | ||
Et je vais à Madame annoncer par avance, La part que vous prenez à sa convalescence.
COMÉDIE
http://fr.wikisource.org/
EN QUATRE ACTES représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Gymnase, le 10 septembre 1860. COLLABORATEURS : M. E. MARTIN
ACTE IScène Première
Majorin, se promenant avec impatience
Ce Perrichon n’arrive pas ! Voilà une heure que je l’attends… C’est
pourtant bien aujourd’hui qu’il doit partir pour la Suisse avec sa femme
et sa fille… (Avec amertume.) Des carrossiers qui vont en
Suisse ! des carrossiers qui ont quarante mille livres de rente ! des
carrossiers qui ont voiture ! Quel siècle ! Tandis que, moi, je gagne
deux mille
quatre cents francs… un employé laborieux, intelligent, toujours courbé
sur son bureau… Aujourd’hui j’ai demandé un congé… j’ai dit que j’étais
de garde. Il faut absolument que je voie Perrichon avant son départ… je
veux le prier de m’avancer mon trimestre…. six cents francs ! Il va
prendre son air protecteur… faire l’important !… un carrossier ! ça fait
pitié ! Il n’arrive toujours pas ! on dirait qu’il le fait exprès ! (S’adressant à un facteur qui passe suivi de voyageurs.) Monsieur, à quelle heure part le train direct pour Lyon ?…
Le Facteur, brusquement
Demandez à l’employé.Il sort par la gauche.
Majorin
Merci… manant ! (S’adressant à l’employé qui est près du guichet.) Monsieur, à quelle heure part le train direct pour Lyon ?…
L’employé, brusquement
Ca ne me regarde pas ! voyez l’affiche.Il désigne une affiche à la cantonade à gauche.
Majorin
Merci… (À part.) Ils sont polis dans ces administrations ! Si jamais tu viens à mon bureau, toi !… Voyons l’affiche…Il sort par la gauche. Scène IIIls entrent par la droite.
Perrichon
Par ici !… ne nous quittons pas ! nous ne pourrions plus nous retrouver… Où sont nos bagages ?… (Regardant à droite ; à la cantonade.) Ah très bien ! Qui est-ce qui a les parapluies ?…
Henriette
Moi, papa.
Perrichon
Et le sac de nuit ?… les manteaux ?…
Madame Perrichon
Les voici !
Perrichon
Et mon panama ?… Il est resté dans le fiacre ! (Faisant un mouvement pour sortir et s’arrêtant.) Ah ! non ! je l’ai à la main !… Dieu, que j’ai chaud !
Madame Perrichon
C’est ta faute !… tu nous presses, tu nous bouscules !… je n’aime pas à voyager comme ça !
Perrichon
C’est le départ qui est laborieux…une fois que nous serons casés !… Restez là, je vais prendre les billets… (Donnant son chapeau à Henriette.) Tiens, garde-moi mon panama… (Au guichet.) Trois premières pour Lyon !…
L’employé, brusquement
Ce n’est pas ouvert ! Dans un quart d’heure !
Perrichon, à l’employé
Ah ! pardon ! c’est la première fois que je voyage… (Revenant à sa femme.) Nous sommes en avance.
Madame Perrichon
Là ! quand je te disais que nous avions le temps… Tu ne nous as pas laissés déjeuner !
Perrichon
Il vaut mieux être en avance !… on examine la gare ! (À Henriette.)
Eh bien, petite fille, es-tu contente ?… Nous voilà partis !… encore
quelques minutes, et, rapides comme la flèche de Guillaume Tell, nous
nous élancerons vers les Alpes ! (À sa femme.) Tu as pris la lorgnette ?
Madame Perrichon
Mais oui !
Henriette, à son père
Sans reproches, voilà au moins deux ans que tu nous promets ce voyage.
Perrichon
Ma fille, il fallait que j’eusse vendu mon fonds… Un commerçant ne se
retire pas aussi facilement des affaires qu’une petite fille de son
pensionnat !… D’ailleurs, j’attendais que ton éducation fût terminée
pour la compléter en faisant rayonner devant toi le grand spectacle de
la nature !
Madame Perrichon
Ah çà ! est-ce que vous allez continuer comme ça ?…
Perrichon
Quoi ?…
Madame Perrichon
Vous faites des phrases dans une gare !
Perrichon
Je ne fais de phrases… j’élève les idées de l’enfant. (Tirant de sa poche un petit carnet.) Tiens, ma fille, voici un carnet que j’ai acheté pour toi.
Henriette
Pour quoi faire ?…
Perrichon
Pour écrire d’un côté la dépense, et de l’autre les impressions.
Henriette
Quelles impressions ?…
Perrichon
Nos impressions de voyage ! Tu écriras, et moi je dicterai.
Madame Perrichon
Comment ! Vous allez vous faire auteur à présent ?
Perrichon
Il ne s’agit pas de me faire auteur… mais il me semble qu’un homme du
monde peut avoir des pensées et les recueillir sur un carnet !
Madame Perrichon
Ce sera bien joli !
Perrichon, à part.
Elle est comme ça, chaque fois qu’elle n’a pas pris son café !
Un Facteur, poussant un petit chariot chargé de bagages
Monsieur, voici vos bagages. Voulez-vous les faire enregistrer ?…
Perrichon
Certainement ! Mais, auparavant, je vais les compter… parce que,
quand on sait son compte… Un, deux, trois, quatre, cinq, six, ma femme,
sept, ma fille, huit, et moi, neuf. Nous sommes neuf.
Le Facteur
Enlevez !
Perrichon, courant vers le fond
Dépêchons-nous !
Le Facteur
Pas par là, c’est par ici !Il indique la gauche.
Perrichon
Ah ! très bien ! (Aux femmes.) Attendez-moi là !… ne nous perdons pas !Il sort en courant, suivant le facteur. Les Femmes savantes est une comédie de 1672 en cinq actes. L’intrigue réside dans le mariage entre Henriette et Clitandre, lequel risque d’être empêché de se marier par Philaminte qui veut lui faire épouser Trissotin, un poète précieux et pédant. Cette pièce est l’occasion pour Molière de dénoncer le comportement et le langage apprêté et artificiel des femmes qui se croient savantes. Dans notre extrait, il est question du renvoi de Martine par sa maîtresse pour avoir commis une faute de grammaire (un solécisme). On étudiera le langage des personnages, la satire des caractères et le comique de la scène. Résumé La pièce raconte l'histoire d'une famille déchirée en deux, où la mère (Philaminte), la belle-sœur de cette dernière (Bélise) et une de ses deux filles (Armande) sont sous l'emprise d'un faux savant aux dents longues (Trissotin). Ce dernier, beau parleur, les subjugue de ses poèmes et savoirs pédants mais, en vérité, s'intéresse plus à l'argent de la famille qu'à l'érudition des trois femmes. Cette situation désole le reste de la famille, à savoir le mari de Philaminte (Chrysale), le frère de ce dernier (Ariste) et la cadette des filles (Henriette) ; mais ces derniers ne s'opposent pas frontalement aux « chimères » des autres femmes de la famille. Pendant longtemps, Clitandre a courtisé Armande, sœur d'Henriette, mais cette dernière s'est toujours refusée à lui, lui préférant « les beaux feux de la philosophie ». Clitandre est alors devenu amoureux de Henriette, et tous deux veulent se marier. Dans ce but, ils vont devoir obtenir le soutien de la famille. Chrysale et Ariste sont favorables au mariage. Mais le reste de la famille, c'est-à-dire les trois « femmes savantes », s'y opposent. Philaminte veut qu'Henriette épouse Trissotin, pour asseoir son alliance avec la science et la philosophie. Cette volonté est appuyée par Bélise, mais aussi par Armande. Cette dernière exprime une certaine jalousie que sa sœur convole avec son ancien soupirant. Chrysale ne veut pas s'opposer fermement aux volontés de son épouse, et il semble que le mariage d'Henriette et Clitandre soit compromis, à l'avantage de Trissotin. Les deux amants tentent alors de s'opposer au philosophe mais aucun ne réussit, jusqu'à ce qu'Ariste parvienne à déjouer la duplicité de Trissotin ; Henriette peut alors se marier avec Clitandre. Les personnages
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