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Littérature française/ poésie

Monsieur Prudhomme est 
un personnage caricatural

    Paul Verlaine  


    Sincères remerciements Monsieur 
                   Michel Esnault

        v. Parcours page: 153
        
Monsieur Prudhomme apparaît en 1830 dans la première version des Scènes de province,
 puis dans la pièce de théâtre Grandeur et décadence de M. Joseph Prudhomme (1852)
 puis dans les 2 volumes de recueil de dessins Mémoires de Monsieur Joseph Prudhomme (1857), puis dans Monsieur Prudhomme chef de brigands (1860).
De ce personnage emblématique sot, grassouillet, conformiste et sentencieux,
Honoré de Balzac dira qu’il est « l’illustre type des bourgeois de Paris ».

   un sonnet en alexandrins


Il est grave : il est maire et père de famille.


Son faux col engloutit son oreille. Ses yeux


Dans un rêve sans fin flottent insoucieux,

Et le printemps en fleur sur ses pantoufles brille.



Que lui fait l’astre d’or, que lui fait la charmille


Où l’oiseau chante à l’ombre, et que lui font les cieux,


Et les prés verts et les gazons silencieux ?

Monsieur Prudhomme songe à marier sa fille

Avec monsieur Machin, un jeune homme cossu.


Il est juste-milieu, botaniste et pansu.




Quant aux faiseurs de vers, ces vauriens, ces maroufles,

Ces fainéants barbus, mal peignés, il les a


Plus en horreur que son éternel coryza,

Et le printemps en fleur brille sur ses pantoufles.







Monsieur Prudhomme est un nom propre péjoratif pour « homme prudent » qui donne le titre et le ton au poème, satirique.

« Son faux-col » : élément constitutif du costume bourgeois de l’époque qui impose la rigidité. A la fois cause et symbole de la raideur du personnage.
- « engloutit son oreille » = Personnification = Notation physique et morale = Image hyperbolique cocasse.
- Ses pantoufles : Les vers 4 et 14 sont pratiquement identiques. 

C'est le premier poème publié par Verlaine, alors âgé de 19 ans et c'est aussi l'un des rares poèmes satiriques des Poèmes saturniens. Par l'invention d'un bourgeois caricaturé sous les traits d'un personnage de Molière, Verlaine avec sa lyre mélancolique nous décrit la condition sociale douloureuse du poète. La poésie est un genre riche de possibilités, pouvant tout aussi bien magnifier la beauté ou des sentiments profonds qu'être comme dans ce poème un chant social opposant les poètes assimilés à des êtres barbus, en marge de la société, aux bourgeois profondément matérialistes et plus préoccupés par leur réussite matérielle que par les arts et les lettres. Le poème est un sonnet en alexandrins. 


Sonnet Poème de deux quatrains suivi de deux tercets. Généralement les quatrains sont la thèse et les sonnets, l'antithèse. 
Faux col ou fraise 
Collerette 
Coryza 
Rhume de cerveau, rhinite allergique.
Pantoufles 
Chaussure d'intérieur sans talon.




SÉQUENCE 1   Dégager les caractéristiques essentielles d’une description objective..    

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Verlaine en même temps qu'il apparaît lui même dans ce sonnet comme un être marginal, mal intégré dans la société, réprouvé nous donne un aperçu d'un art authentique dont il maîtrise tous les mécanismes. Verlaine, avec un langage poétique original et une lyre très personnelle, arrive à nous émouvoir.
Vocabulaire
Expéditionnaire
Ou commis expéditionnaire. Qui a pour tache de faire les expéditions, les copies du courrier.
Caricature
Dessin, peinture qui par l'exagération de certains traits choisis donne d'un personne une représentation satirique, représentation déformée de la réalité dans une intention satirique ou polémique exemple dans le texte, les pantoufles.
Sonnet
Poèmes de deux quatrains suivi de deux tercets. Généralement les quatrains sont la thèse et les sonnets, l'antithèse.
Faux col ou fraise 
Collerette
Coryza
Rhume de cerveau, rhinite allergique.
Pantoufles
Chaussure d'intérieur sans talon.
Pantouflard
Casanier, qui aime ses aises, son confort
Bourgeois
Citoyen jouissant de certains privilèges, traditionaliste, conservateur.
Botaniste
Spécialiste de botanique, science des végétaux.
Maroufles
Maraud, coquin, fripon


Une poésie sociale et satirique 

De nombreux poètes ont chanté la souffrance des peuples, des pauvres, des ouvriers. Après Hugo dans "Le mendiant" défendant les pauvres, Verlaine par la caricature avec "Monsieur Prudhomme" s'attaque aux bourgeois du second Empire. Caricatural, tel est bien le portrait qu'en dresse Verlaine. Monsieur Prudhomme est le Maire de Paris et l'employeur de notre poète qui occupe en 1864, après avoir réussi le baccalauréat littéraire, de modestes fonctionsd'expéditionnaire (assistant administratif) à l'Hôtel de Ville de Paris. Verlaine n'est pas un travailleur assidu et ponctuel et tout l'oppose à son employeur. Monsieur Prudhomme qui est un nom propre péjoratif pour "homme prudent" qui donne le titre et le ton au poème, satirique. Le personnage est d'apparat, l'air grave mis en relief par la coupure au premier vers, pompeux, habillé d'un faux col, mais chaussé de simples pantoufles brodées de fil d'or probablement car elles brillent sous le soleil. Les attributs vestimentaires sont exagérés, le faux col est démesuré, il engloutit l'oreille, les chaussures sont des pantoufles qui brillent pour accentuer le caractère ridicule du bourgeois que tout oppose au poète, mal vêtu, mal coiffé, à la tenue négligée. La diérèse de Monsi/eur (i-eu) au vers 8 accentue le caractère pompeux et ridicule du personnage. Étrange situation pour ce personnage bien vêtu, il souffred'allergie, un rhume de cerveau, une rhinite, un coryza qui contraste avec sa situation importante. Par le jeu d'une tournure faussement interrogative "Que lui fait", Monsieur Prudhomme, malgré son apparence rêveuse semble indifférent aux charmes de la nature, au chant des oiseaux, aux fleurs printanières. Verlaine est un poète, il aime la nature, le renouveau de la vie et de la nature au printemps, les chants de l'amour des oiseaux. Notre poète est aussi un rêveur, il regarde le ciel, le soleil, a la tête dans les nuages. Tout le différencie de ce bourgeois dont le soleil n'a de fonction que de faire briller ses chaussures. Le poème s'articule en deux parties terminées par la même phrase légèrement modifiée "Et le printemps en fleurs sur ses pantoufles brille", une sorte de refrain riche de ses allitérations en "p" et "l" donnant à cette phrase une connotation de légèreté qui contraste avec la gravité et la sévérité du personnage.
 Le changement dans l'ordre des mots de "pantoufles", une caricature des chaussures à la rime à la fin du poème accentue le caractère volontairement caricatural du bourgeois du second empire en l'assimilant au bourgeois de Molière. 









Poème
Il pleure dans mon cœur
" Il pleure dans mon cœur" est le 3ème poème de la section initiale ariettes oubliées de Romances sans paroles ".
Il pleut doucement sur la ville.
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ; 
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie
0 le chant de la pluie ! 

Il pleure sans raison 
Dans ce cœur qui écœure.
Quoi ! nulle trahison ? ...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine!
Résumé : 
Il pleure dans mon cœur est le texte III de la section intitulée "Ariettes oubliées". Une ariette est un terme de musique qui désigne une mélodie. La troisième des ariettes est une variation sur la mélancolie, un malaise que Verlaine cherche plus à lui donner une couleur qu'à exorciser. La transparence de l'eau et la limpidité des vers se fondent pour traduire le vide d'une conscience en proie à l'ennui. L'identification pluie/larme est la ligne directrice du poème. L'épigraphe de Rimbaud est douteuse. Au niveau de la structure, quatre strophes de quatre vers (strophe carrée)
Plan de commentaire composé
I-Organisation du poème
-la découpe des vers
Six syllabes combinées sur deux vers reproduisent le rythme de l'alexandrin. Le poème se découpe en quatre strophes de quatre vers.
- Les répétitions
Dans chacune des strophes apparaît, en position forte à la rime ou à la césure le mot cœur. Pour éviter la raideur, le poète fait varier le déterminant qui le précède, "mon cœur", "ce cœur", "un cœur" ainsi que la position du mot dans le vers. Tout se fait écho dans ce poème ciselé comme les ballades ou les rondeaux du Moyen-Âge qui jouaient avec virtuosité de ce phénomène.
- Les oppositions
Il y a une double interrogation suivie d'exclamations qui semblent leur apporter la réponse. La pluie apaise-t-elle ou exacerbe-t-elle l'ennui ? laisse le lecteur dans l'indécision qui fait le charme du poème.
- Le rôle de la ponctuation
Il y a un passage constant de l'interrogation à l'exclamation qui se répondent d'une strophe sur l'autre. Strophes I et III, interrogations et strophes II et IV exclamations. Aux questions, la pensée du poète se heurte à un double vide que rien ne peut combler. La seconde formule interrogative est elliptique : " nulle trahison " ?....Et le point d'interrogation suivi de points de suspension laisse le lecteur dans l'expectative. Il est probable que le poète ne sait lui-même que penser et se demande s'il est sûr de ne pas avoir été trompé (par Rimbaud peut-être)
II. Musique du poème
- Le jeu des rimes
Pour les rimes, le poème repose sur quatre notes (eur, uie, son, eine) et la reprise systématique de la même rime aux premiers et derniers vers de chaque strophe. S'y ajoutent de nombreuses rimes intérieures, au premier vers " pleure " et " cœur", au vers 5 " bruit " et " pluie ", aux vers 9 et 10 " pleure " et "cœur" à nouveau.
- Le rythme
Le poème donne la sensation de monotonie et de répétition de la pluie. Les mêmes mots et les mêmes sons régulièrement repris reproduisent le bruit de la pluie, doucement répétitif.
- Le vocabulaire
Dès le premier vers apparaît un néologisme " il pleure " qui reproduit le cliché d'une pluie de larmes. C'est sur les ressemblance phoniques avec " il pleut " que ce " pleure " tire sa force. Le sens et le son se renforce, c'est de la pure poésie. " il pleure dans mon cœur" est une métaphore du chagrin.
III. Le thème de l'eau
- Fusion des verbes pleurer et pleuvoir
Tout le charme du poème consiste à nous faire confondre la pluie et les pleurs et à nous situer, insensiblement dans une autre réalité. Nous entrevoyons l'action de la pluie une langueur qui imprègne le cœur comme la pluie imprègne les vêtements.
- Une musique de l'âme
L'identification des sensations pleurer et pleuvoir est accentuée par l'effet sonore produit par la pluie. "Oh chant de la pluie ", l'exclamatif " ô " valorise le chant de la pluie qui peut-on penser berce l'ennui du cœur dans lequel " il pleure ". Mais le thème de la pluie serait lié métaphoriquement non seulement aux larmes mais à la douceur lyrique du texte. Il y a, dans la progression du texte, un effacement progressif du prétexte à la mélancolie (la pluie) au profit de la mélancolie elle-même, qu'atteste la disparition de la pluie après la 2ème strophe. Observons aussi la passivité des formules impersonnelles , il pleut, il pleure
- Échos de tristesse et de mélancolie
La note dominante du poème est le chagrin qui apparaît d'emblée " il pleure ", est ensuite repris " deuil " et confirmé par " peine". Mais ce chagrin doit être modulé et il s'agirait plus d'une sorte de spleen sans cause. Nous retrouvons dans ce texte le sentiment permanent de Verlaine entre le chagrin et ladouceur, une âme vidée de toute motivation, une conscience aussi incolore que l'eau de pluie.
Conclusion
C'est toujours la même fatalité, la mélancolie qui l'emporte sur la raison. Le poème s'achève sur une démission, un aveu d'impuissance et son pourquoi qui précède les deux derniers vers reste sans réponse. Verlaine a su nous suggérer à partir d'un lien entre la pluie et l'ennui, en soi des plus banals, un sentiment subtil d'étonnement face à sa tristesse qui nous fascine par sa douceur musicale.

PRINCIPALES FIGURES DE STYLE en français http://bbouillon.free.fr/
Très bonne continuité Bernard Bouillon

I - Les tropes
 Les tropes sont des figures par lesquelles on fait prendre à un mot une signification qui n'est pas précisément la signification propre de ce mot.
Une catachrèse est une erreur ; elle peut se produire par exemple par paronymie : il faut mieux... (au lieu de il vaut mieux)
Certaines sont absorbées par l'usage, comme énerver, qui est passé du sens de « amollir » à celui d'« irriter » (utilisé ironiquement par antiphrase) ; ou (se) marrer avec le sens actuel au lieu du sens originel de marrir, être marri (chagriné).
Les principaux tropes sont d'abord ceux qui correspondent à des images : comparaisons et métaphores. On y trouvera aussi les symboles, ou représentations significatives (la balance, symbole de la justice) ; l'allégorie est une composition symbolique, formée de plusieurs éléments, comme l'allégorie de la mort ; une parabole est un récit allégorique.
Autre groupe important de tropes : métonymies (rapport direct : un bronze antique) et synecdoques (la partie et le tout : une voile à l'horizon). L'antonomase est une forme de métonymie, qui consiste à utiliser un nom propre comme nom commun (poubelle, diesel...).
Une périphrase est une locution descriptive qui remplace un mot : l'empereur à la barbe fleurie est Charlemagne ; le plus vieux métier du monde est la prostitution.
Un hypallage est un transfert syntaxique (adjectif surtout) : l'odeur neuve de ma robe (Valéry Larbaud)
II - Les figures de répétition et d'amplification
Il existe une série de termes savants qui correspondent à des répétitions, comme la palillogie, répétition sans conjonction de coordination : Hélas ! Hélas ! Hélas ! (De Gaulle, 23 avril 1961).
L'anaphore est une répétition en début de vers ou de phrase (Mon bras... cf. Corneille, Le Cid)
L'antanaclase reprend un mot dans une phrase en opposant 2 sens différents qu'il peut assumer : Après quelques propos sans propos et sans suite... (Mathurin Régnier)
L'épanalepse place un même mot en tête et en fin de phrase : Et rose elle a vécu ce que vivent les roses (Malherbe) / l'homme est un loup pour l'homme.
Les répétitions de sonorités : rime, assonance (voyelle seule), allitération...
La paronomase rapproche deux mots qui se ressemblent par le son : Qui vole un œuf vole un bœuf.
Dans les redondances, on a le pléonasme (une panacée universelle) ; la périssologie est un renforcement inutile (je l'ai vu de mes yeux) ; la tautologie est une définition répétitive (un sou, c'est un sou).
On a aussi des amplifications, des gradations : J'allais être influencée, remaniée, orientée par Anne (Françoise Sagan).
On parle de paraphrase pour une sorte de répétition explicative, amplificatrice.
III - Les figures de construction
Le chiasme est une figure de symétrie : Gourmand de tout, de tout insatiable (Ronsard).
L'antithèse joue sur les contrastes ; en particulier, l'oxymore est une alliance de mots contradictoires : un mort-vivant les froides chaleurs (Du Bellay), l'humide étincelle (Verlaine)...
IV - Les figures de mise en valeur
L'hyperbole est une exagération.
La litote est une atténuation, en disant le plus par le moins : je ne te hais point (Corneille).
L'euphémisme atténue le caractère désagréable d'un jugement, également par la négation de son contraire : Je ne suis pas complètement satisfait de votre travail.
V - Les ellipses
 Une ellipse consiste à ne pas utiliser dans une phrase un élément qui devrait y être.
L'asyndète omet les conjonctions de coordination (maiscar...) : Mais cette manie de lecture lui était odieuse, il ne savait pas lire lui-même. [car] (Stendhal)
L'anacoluthe est une rupture de construction : Le plus grand philosophe du monde, sur une planche plus large qu'il ne faut, s'il y a au-dessous un précipice, quoique sa raison le convainque de sa sûreté, son imagination prévaudra. (Pascal)
Le zeugme ou syllepse consiste à atteler à un même verbe deux compléments de nature sémantique différente : Tout jeune Napoléon était très maigre et officier d'artillerie Plus tard il devint empereur Alors il prit du ventre et beaucoup de pays (Prévert)
 Il y a encore les figures de pensée, comme l'ironie, qui consiste à exprimer ce qu'on pense en disant l'inverse ; le paradoxe formule une pensée qui semble illogique, mais contient une vérité : selon Oscar Wilde, l'ambition est le dernier refuge des ratés.

L'Albatros



Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Charles Baudelaire - L'Albatros - Les Fleurs du mal 

Le poème L'Albatros est fondé sur une double comparaison. L'albatros est personnifié étant donné que le poète est comparé à l'oiseau. Grâce à un réseau de personnification, les trois premières strophes comparent l'albatros à un roi déchu (" roi " vers 6), à un voyageur ailé tombé du ciel. La quatrième strophe explicite le symbole en faisant du poète, par une comparaison et une métaphore hyperbolique, un " prince des nuées " (vers 13) aux " ailes de géant " (vers 16). Exilé parmi les hommes, la vie de l'albatros apparaît donc comme une parabole qui définit l'existence du poète. 
mars 2016




ouvrage d’analyse de textes de lecture, 
portant sur les œuvres au programme de français 
en première année du bac:
Guide de lecture des œuvres  
présenté par Hajj Tayeb zaid



Etudier une autobiographie
« La boîte à merveilles » d’ Ahmed Sefrioui
Ahmed Sefrioui - Ecoles du Monde - La boite à merveilles d'...


Clipart puce animée gifLa Boîte à merveilles est un roman à caractère autobiographique, écrit par l'écrivain marocain Ahmed Sefrioui en 1952 et publié en 1954. Il fut longtemps considéré comme le premier roman marocain écrit en français avant que ne soit réhabilité le récit "Mosaïques ternies" de l'écrivain de Tanger Abdelkader Chatt publié en France dès 1930 sous le pseudonyme (?) de Benazous Chatt.
D'emblée, ce roman met le lecteur devant le problématique que posent, d'une part, les récits de vie, et de l'autre la littérature maghrébine d'expression françaiseCelle-ci, née pendant la colonisation des trois pays du Maghreb par la France, continue de se développer jusqu'à nos jours.

L'auteur-narrateur-personnage ( Sidi Mohamed) raconte son enfance en commençant son récit à l'âge de six ans. Il décrit son état de solitude et cite les différents locataires de Dar chouafa ( tanta Kenza)comme Driss El Aouad ( le fabricant des charrues)sa femme Rahma et leur fille Zineb, Fatma Bziouya ( la femme d'un jardinier et voisine de la famille du narrateur en deuxième étage). Il parle aussi du Msid et de sa timide amitié avec quelques camarades de l'école coranique et relate que ses véritables amis sont les objets et les personnages imaginaires de sa boite à merveilles. Ensuite, il parle de sa mère ( Lalla Zoubida) qui l'emmena au bain maure (hammam) endroit dans lequel le narrateur sentait "l'odeur du péché". Après les dures scènes du hammam, cette dernière revient raconter tout en détails à ses voisines et à son mari le lendemain. Ce chapitre se termine par une forte discussion entre la mère de sidi Mohamed et leur voisine Rahma qui a eu l'idée de faire la lessive le même jour que la mère du narrateur , ce qui a engendré l'évanouissement du narrateur.

Le narrateur commence ce chapitre en racontant qu'après une journée dure au Msid, il rentre à la maison et trouve sa mère souffrant d'une terrible migraine. Ainsi, après le déjeuner, la famille reçoit une visite improvisée de Lalla Aîcha (ancienne voisine de lalla Zoubida). Cette dernière réussit à la convaincre de faire une visite à Sidi Ali Boughaleb pour guérir elle et son fils .Après toutes les complications pour réaliser le voyage, le narrateur , une fois à la zaouia, se fait griffer par un chat . Cela précipite le retour à la maison.. Bénéficiant d'un congé, le narrateur assiste à la scène de l'habillage du père et reçoit un cabochon en verre à facette de Rahma pour sa boite à merveilles.
Après une description de l'ambiance de l'école coranique, le narrateur rentre à la maison et il trouve que la chambre de Fatma Bziouya brillait d'un éclat inaccoutumé. Quand sa mère a vu que sa voisine avait une lampe à pétrole pour s'éclairer, elle finit par convaincre le père d'acheter une lampe pour eux aussi. Le lendemain matin, Rahma , qui était sortit pour assister un baptême , revient en pleurant car elle avait perdu sa fille Zineb dans la foule…Après avoir trouvé la fille , Rahma organise un repas pour les pauvres pour remercier Dieu.
Pendant les premiers jours du printemps, lalla Zoubida et le narrateur étaient invités à la maison de Lalla Aîcha qui habitait Zankat Hajjama. La femme qui était épiée par ses voisines, les loua à haute voix et chuchota à l'oreille de Lalla Zoubida sa véritable pensée. Sidi Mohamed jouait avec les enfants de la maison, et Lalla Aîcha et sa mère parlaient de Rahma. Le mari de Lalla Aicha( Moulay Larbi Alaoui) rentre soudainement à la maison et demande de parler avec sa femme en privé, cette dernière raconta ensuite à Lalla Zoubida les problèmes de son mari avec son associé Abdelkader .La mère du narrateur raconte ces problèmes à son mari le lendemain..
Un mercredi, le Fquih, de bonne humeur, expliqua ses projets pour l'Achoura Quand le narrateur revient du Msid à la maison, il trouve sa mère en visite à Lalla Aicha, de retour, elle raconta les malheurs de cette dernière à Fatma puis à Rahma. Ensuite des cris annoncent la mort de Sidi Mohamed Ben Tahar ( le coiffeur)…Le chapitre finit par une mésaventure du narrateur provoquée par le chat de Zineb qui lui a volé la chaîne de vert-de-gris offerte par sa mère.

Les préparatifs pour l'Achoura commencent au Msid, le Fquih distribua les travaux par groupe. Le narrateur était fière d'être le chef des frotteurs. Le lendemain matin, il accompagna sa mère au Kissaria pour acheter un gilet .Au retour , il mène une dispute avec Zineb sans raison.. Ensuite , le narrateur avait faim et commençait à rêver d'être un prince qui offre des repas aux mendiants. Après un moment , on écoute Rahma qui raconte L'histoire d'un couple (Khadija marié au vieux Othman.).
La veille de l'Achoura, les femmes s'achètent des bendirs et des tambours. Le père du narrateur lui offre une trompette. Au Msid, il participa à l'équipement des lustres pour la nuit de L'Achoura .Le lendemain , le père de Sidi Mohamed l'emmène au coiffeur …Le jour de L'Achoura , le narrateur mit des vêtements neufs et alla au Msid pour les célébrations…Chez lui et après le repas de fête , sa famille reçoit une visite surprise de Lalla Aicha.
Avec l'arrivée de la chaleur, les mouches envahissent la maison. Le Msid fut déménagé dans un petit sanctuaire. Un lundi, le père du narrateur rentre tôt à la maison pour accompagner sa femme au Souk des bijoux pour lui acheter des bracelets soleil et lune. Une fois au Souk, le père du narrateur entre dans une dispute avec un dellal malhonnête, ce qui provoqua sa perte dans la foule. La famille rentre donc à la maison pour attendre et pleurer. Plus tard, le père rentre avec les bracelets que sa femme refuse de prendre après les événements vécus à cause de ces bijoux. Après ces malheurs, le narrateur devint véritablement malade.
Sidi Mohamed recevait des soins de sa mère pour guérir de sa fièvre. Le père de ce dernier annonce à sa femme qu'il avait perdu son capital pendant les enchères aux haiks. Ils ont décidé de vendre les bracelets . Ensuite le père prend la décision d'aller travailler aux environs de Fès pour résoudre ce problème .En partant , il laisse l'argent des bracelets à sa famille qui va vivre dans la solitude pendant l'absence du père. Pour accélérer la guérison du narrateur, Fatma lui apporte un genre de médicament à base de colle de farine "tadeffi". Ensuite la mère et son fils se rendent à la maison de Lalla Aicha pour rendre visite à un Fquih appelé Sidi El Arafi au quartier Seffah..
Le narrateur sa mère et son amie Lalla Aicha arrivent chez le fquih. Ce dernier commence à présenter les prédictions voilées de ses visiteurs. Cette visite au voyant est restée cachée aux voisines de Lalla Zoubida qui leur a dit qu'elle était allée aux sanctuaires de la ville. Elle annonce à son fils qu'elle a décidé de le garder à la maison et de l'emmener chaque semaine prier sous la coupole d'un saint…Un matin elle reçoit la visite d'un envoyé de son mari qui lui apporta quelque nourriture .
Après une invitation de la part de Lalla Aicha, le narrateur et sa mère se rendent chez elle. Lorsque les deux femmes étaient entrain de converser, Salama (la marieuse) rend visite à Lalla Aicha et lui parle de son rôle dans le remariage de Moulay Laarbi avec la fille du coiffeur et les échecs de cette union. Zhor ( la voisine de Lalla Aicha) arrive et apporte de nouveaux renseignements sur le mariage de ce couple. Cette scène termine par un incident de la part du narrateur qui a renversé son verre de thé.


Le dernier jour de cette histoire était plein de joie depuis ses premières heures du matin. Allal El Yacoubi (envoyé du père du narrateur), vient pour s'assurer de l'état de Sidi Mohamed. Soudain, Zineb vient annoncer qu'elle a vu Maalem Abdeslem près de la mosquée. Plus tard ce dernier rentra chez lui chargé de deux poulets et de nourriture. Pendant  que le narrateur parle avec son père , Driss El Aouad vint visiter le père et entre dans une longue conversation avec lui. Cette scène ennuya le narrateur et le poussa à se
 laisser emporter par le sommeil avec sa boite à merveilles à la main.
  Les misérables
   Clipart puce animée gifVictor Hugo       








                         

Jean Valjean et l'évêque. Jean Valjean, un ancien forçat, trouve asile, après une lamentable cours errante, chez Monseigneur Myriel, évêque de Digne. Il se laisse tenter par des couverts d'argent et déguerpit à l'aube. Des gendarmes le reprennent ; mais l'évêque témoigne en sa faveur et le sauve. Cette générosité le bouleverse erse . Il cède à une dernière tentation, puis il devient un honnête homme 





M. Madeleine et Fantine. Fantine a été séduite, puis abandonnée avec sa petite fille Cosette Arrêtée à la suite d'une dispute, elle est âprement interrogée par le policier Javert ; mais le maire de la ville M Madeleine, la fait relâcher Cette clémence, déconcertante de la part d'un magistrat confirme le soupçon de Javert : M. Madeleine et Valjean ne font qu'un. Quelques temps plus tard, un malheureux, Champmathieu, est pris pour l'ancien forçat de nouveau recherché. Après un douloureux débat intérieur, le vrai Jean Valjean se fait reconnaître en plein tribunal. Momentanément laissé libre, il assiste à l'agonie de Fantine lui jure de veiller sur Cosette : puis il s'échappe et gagne Paris (I 5 à 


L'idylle rue Plumet. Jean Valjean s'installe rue Plumet sous le nom de Fauchelevent. Il lie connaissance avec un jeune républicain Marius, qui aime Cosette. Une fois de plus, arrêté par Javert, il se sauve.
L'épopée rue Saint Denis. En 1832, l'émeute gronde rue St-Denis. Sur la barricade, Jean Valjean lutte avec Marius et le gamin de Paris Gavroche, sous les ordre de l'étudiant Enjolras. L'ancien forçat se voit confier le policier Javert : généreusement, il lui rend sa liberté, puis sauve Marius blessé. Celui-ci guéri, épouse Cosette ; Jean Valjean a rempli,jusqu'au bout sa promesse à Fantine. Quand il meurt, les chandeliers de l'évêque sont allumés à son chevet.



www.la-croix.com 

Cosette et les Thénardier. Cosette est servante chez le sinistre Thénardier qui fait fortune en détroussant les morts de Waterloo. 




Jean Valjean a été repris par Javert et réintégré au bagne. Il s'est encore évadé mais tout le monde le croit noyé. Il revient, arrache Cosette au ménage Thénardier, se cache avec elle dans une masure, puis à la communauté de l'adoration Perpétuelle rue de Picpus (II).





C'est par un article de journal que Hugo nous apprend l'évasion de Jean Valjean, celle qu'il va réussir. Voici cet entrefilet : Les Misérables (deuxième partie, livre 2 P. 89). Jean Valjean, après s'être dénoncé pour empêcher que Champmathieu soit condamné à sa place, a été renvoyé au bagne de Toulon. Un jour, alors qu'il travaille sur le port, un matelot est près de tomber...
"17 novembre 1823. Hier, un forçat de corvée à bord de l'Orion, en revenant de porter secours à un matelot, est tombé à la mer et s'est noyé. On n'a pu retrouver son cadavre. Cet homme était écroué sous le n°9430 et se nommait Jean Valjean."
Cette fois Jean Valjean a réussi son évasion, Jean Valjean réapparaît dans le roman. Il va pouvoir aller chercher Cosette .
Comment Jean Valjean rencontre Cosette pour la première fois.
"Dans une nuit brumeuse et froide, la Thénardier envoie Cosette chercher de l'eau dans un seau plus grand qu'elle à la fontaine située dans la forêt. Cosette remplit le seau d'eau, s'apprête à repartir quand, soudain, elle sent que le seau bien plus lourd qu'elle ne pèse plus rien. L 'enfant n'eut pas peur et suivit l'homme sans lui demander son nom. C'était Jean Valjean.
Comment Jean Valjean revient dans Paris sans se faire arrêter par Javert.
Jean Valjean aidé du père Fauchelevent, qu'il a sauvé au début de l'histoire quand il était maire de Montreuil-sur-mer, essaie d'entrer dans le couvent du Petit Picpus. Jean Valjean se cache dans un cercueil, à la place d'une religieuse qui avait souhaité se faire enterrer dans le caveau de la chapelle mais c'était interdit. Le père Fauchelevent fait croire à la mère supérieure qu'il va mettre en terre un cercueil vide tandis que Jean Valjean s'y cache, pour pouvoir revenir au couvent, sous l'identité du frère de Fauchelevent. Cosette est, elle aussi dissimulée dans la charrette à coté du cercueil. Plus tard, dans la nuit, Fauchelevent sort Jean Valjean de la tombe. Et voilà comment il entre dans la ville.

Jean Valjean et Cosette après cette aventure, commencèrent une vie nouvelle.

http://texcier-cdi.spip.ac-rouen.fr/
      suite                     http://romantis.free.fr/Victor%20hugo/html/lesmiser.html



                    
                                                             http://fr.wikipedia.org/

Clipart puce animée gifFantine est originaire de Montreuil-sur-Mer, mais on ne connaît rien de ses parents ni de son enfance et elle n'a d'ailleurs pas de patronyme, anomalie due au fait d'être née en 1796 sous l'époque troublée du Directoire.Quand elle a 10 ans,elle rentre dans une ferme pour travailler.Elle s'en va chercher fortune à Paris en 1811 et rencontre Tholomyès, un petit bourgeois fêtard, de 9 ans son aîné, encore étudiant à 30 ans. Elle en tombe profondément amoureuse sans discerner qu'elle n'est pour lui qu'une aventure. C'est ainsi qu'il l'abandonne un beau jour d'août 1817 à la suite d'un pari stupide avec ses copains en goguette alors que Fantine élève une enfant qu'elle a eue de lui à la fin de l'année 1815, une fillette nommée Euphrasie, mais qu'elle surnomme Cosette. Fantine reste très désemparée par cet abandon et sa fille devient le centre de son univers. En mai 1818, elle décide de refaire sa vie en retournant dans sa ville natale. Mais, avant d'arriver à Montreuil, elle doit rapidement trouver une pension pour Cosette afin d'obtenir un emploi, car, à cette époque, une mère célibataire était rejetée par la société. Un couple d'aubergistes de Montfermeil, les Thénardier, accepte de garder Cosette moyennant un versement mensuel de 7 francs et, séparée de sa fille, Fantine arrive la mort dans l'âme à Montreuil. Elle est immédiatement embauchée comme ouvrière à la fabrique de verroterie créée l'année précédente par Monsieur Madeleine.
Les Thénardier s'avèrent être des individus peu recommandables et ils vont utiliser les moyens les plus sordides pour soutirer toujours plus d'argent à Fantine. Dès la fin de l'année 1818, ils exigent qu'elle leur verse 12 francs par mois. Ils exercent un chantage permanent pour augmenter le prix de la pension : mettre Cosette à la rue pour différents prétextes, comme celui de devoir fréquemment débourser des sommes importantes à cause des maladies de la fillette, censées nécessiter des soins et des médicaments coûteux. Dans la réalité, ils ont fait de Cosette leur servante et la brutalisent. Fantine en arrive à ne vivre que pour subvenir aux besoins de sa fille et, lorsqu'elle est renvoyée de la fabrique au début de l'année 1821 à cause de commères qui ont découvert qu'elle était mère célibataire, elle doit vendre tout ce qu'elle possède, jusqu'à ses dents et ses cheveux. En 1822, à bout de ressources, elle n'a que l'alternative de se faire fille publique pour envoyer les sommes exorbitantes réclamées par les Thénardier




En janvier 1823, à la suite d'un incident dont elle n'est pas responsable, l'intransigeant inspecteur de police Javert l'arrête et veut l'incarcérer. Monsieur Madeleine (alias Jean Valjean), devenu maire de Montreuil, s'oppose à son emprisonnement et la prend sous sa protection, car elle est gravement malade. Il la fait hospitaliser dans son infirmerie et la confie aux bons soins des religieuses de l'établissement. Monsieur Madeleine lui promet de lui ramener Cosette, mais, en février 1823, il dévoile sa véritable identité à la justice pour innocenter un indigent accusé d'être Jean Valjean. Javert vient l'arrêter alors qu'il se trouve auprès de Fantine alitée et elle meurt de saisissement sans avoir revu sa fille. Devant le lit où Fantine expire en février 1823, Jean Valjean, devenu maire de Montreuil, fait la promesse à la morte de s'occuper de Cosette.







Antigone (en grec ancien Αντιγόνη / Antigónê) est 
une tragédie grecque deSophocle dont la date de 
création précise n'est pas certaine mais se situe 
probablement en 442 av. J.-C. Elle appartient au cycle des pièces thébaines, avec Œdipe roi et Œdipe à Colone, décrivant le sort tragique d'Œdipe (roi deThèbes) et de ses descendants. Dans l'économie du cycle, Antigone est la dernière pièce, mais elle a été écrite avant les autres.



Antigone fait part à sa sœur Ismène de son intention de braver l'interdiction d'accomplir les rites funéraires pour leur frère Polynice — tué par son autre frèreÉtéocle lors d'une bataille où chaque frère veut tuer l'autre pour devenir roi de Thèbes, mais les deux meurent —, et cela sous peine d'être lapidée par le peuple thébain, car l'interdiction a été émise par le roi Créon. Tout en reconnaissant la justesse du geste, Ismène refuse de la suivre dans cette entreprise (« je cède à la force, je n'ai rien à gagner à me rebeller »3).
Alors qu'Antigone s'en va accomplir ce qu'elle estime être son devoir religieux, Créon développe, avec quelque grandiloquence, devant le chœur des vieillards thébains — choisis pour leur docilité — sa philosophie politique (le service de la cité, le bien du peuple) et se propose crânement à l'épreuve du commandement et des lois. Il y glisse une menace voilée adressée au Coryphée, le soupçonnant de corruption (au service des esprits rebelles).
Le Garde vient alors informer le roi de la violation de son décret. Le Coryphée suggère à celui-ci que son interdiction était peut-être une mauvaise décision (« Cette affaire-là pourrait bien être envoyée par les dieux »). Créon se fâche et lui ordonne le silence. Le Garde, lui, est brutalement accusé d'être l'auteur du forfait rapporté, cela « pour de l'argent ». Le roi le menace des pires sévices s'il ne ramène pas rapidement un coupable afin de s'innocenter.
C'est le cœur chargé de réticences (« il y a une chose qui importe avant tout : sauver sa peau ») que le Garde revient accompagné d'Antigone, prise en flagrant délit de récidive. L'affrontement est immédiat et total : la jeune fille affirme l'illégitimité de l'édit royal en se réclamant des lois divines, non écrites et éternelles. Au fil de l'argumentation, Créon cède le terrain. Après que la jeune fille a justifié sa lutte par l'amour fraternel, exposant ainsi sa motivation fondamentale (« je ne suis pas faite pour vivre avec ta haine, mais pour être avec ceux que j'aime »), il finit par disqualifier sa nièce : ce n'est pas une femme qui fera la loi. Quand Ismène réapparaît, c'est pour s'entendre accuser par son oncle d'avoir participé à la cérémonie mortuaire et pour exprimer son désir de partager le sort de sa sœur. Celle-ci refuse, la jugeant intéressée (terrorisée à l'idée de se retrouver seule survivante de sa famille). Créon, exaspéré par ce comportement, les traite de folles et les fait placer en réclusion, là où doivent se tenir les femmes.
Puis voici Hémon, le fiancé de la condamnée. Le jeune prince s'enhardit à déclarer à son père qu'il se trouve dans l'abus de pouvoir en piétinant « les honneurs que l'on doit aux dieux », commettant ainsi une « faute contre la justice ». Aux propos nuancés et pleins de bon sens du jeune homme sur la manière juste de gouverner, le roi répond par des injonctions à l'obéissance inconditionnelle que les fils doivent aux pères, le peuple à son chef, et l'accusation d'être devenu l'esclave de sa fiancée (« Créature dégoûtante, aux ordres d'une femme »). Hémon quitte brusquement les lieux en proférant une promesse morbide que Créon prend, à tort, pour une menace contre sa vie.
Tirésias sera le dernier protagoniste de ce triple affrontement. Le devin est venu dire au roi que les dieux n'approuvent pas son action et qu'il en pâtira pour la cité si Antigone n'est pas libérée et Polynice enterré. Créon insulte Tirésias et l'accuse de s'être vendu aux comploteurs qui en veulent à son pouvoir. Mais, secoué par les sombres prédictions du devin, lequel ne s'est jusqu'alors jamais trompé, il se ravise et décide d'aller procéder aux funérailles de son neveu avant d'aller délivrer Antigone. Il est hélas trop tard : celle-ci s'est entre temps pendue dans la grotte où elle avait été emmurée. Hémon tire son épée, ce que son père prend pour une tentative de le tuer, et se la plonge dans le corps pour mourir auprès de sa bien-aimée.
Retournant au palais, Créon apprend que son épouse Eurydice, vient elle aussi de se tuer. Il est anéanti par cette série de catastrophes (« désastre venu de mes propres plans ») et n'aspire plus qu'à une mort rapide (« Débarrassez cet endroit d'un propre à rien »). Le Coryphée tire la leçon de cet « entêtement qui tue » : « il ne faut pas déshonorer la loi qu'imposent les dieux ».

Arbre généalogique

Laïos
Jocaste
Créon
Eurydice
Œdipe
Jocaste'
Étéocle
Polynice
Ismène
Antigone
Hémon


http://www.tv5.org/TV5Site/publication/publi-356-Antigone_de_Jean_Anouilh.htm

Antigone, de Jean Anouilh

« Antigone va mourir » nous annonce le Prologue, héritier du chœur antique, devenu sous la plume de Jean Anouilh et à travers la remarquable interprétation de Bernard Dhéran, un médiateur au cynisme irrésistible. Il nous rappelle que tout est déjà écrit, car c'est le propre de la tragédie, mais nous rassure en précisant que nous, spectateurs, n'aurons pas à mourir ce soir. Ces principes d'importance étant posés, c'est au tour de la voix courageuse de celle qui a dit « non » de s'élever. 
Sachant son destin scellé, la jeune Antigone demeure fidèle à ses convictions. Elle n'est prête à aucune compromission et pour faire respecter la dignité d'un frère dont on veut abandonner le cadavre aux prédateurs, n'hésite pas à enfreindre la loi. Face à elle, son oncle Créon, roi de Thèbes, compose avec le pouvoir. Prisonnier de ses royales responsabilités, il se voit contraint de mettre à mort sa propre nièce. Dans cette cruelle confrontation, Barbara Schulz et Robert Hossein incarnent à eux seuls l'éternelle dichotomie entre révolte individuelle et impératifs du pouvoir. 
La mise en scène de Nicolas Briançon transcende le temps : la tragédie se déchaîne entre les murs sombres d'un décor en demi-lune, couleur de pierre : et voici que la nuit tombe sur un théâtre antique… Le choix des costumes est caractérisé par son hétérogénéité : habits des femmes à l'antique, évocation des heures sombres du nazisme dans la mise de Créon et futurisme « à la Matrix » pour les gardes. La fable  s'inscrit dès lors dans une dimension intemporelle, pour nous rappeler deux vérités : les tyrans n'appartiennent malheureusement pas à un passé révolu et Antigone la passionnée ne vieillira jamais. 
Bon spectacle !V. TV5

Clipart puce animée gifNotre-Dame de Paris
Cathédrale Notre-Dame de Paris
La façade occidentale de la cathédrale.
La façade occidentale de la cathédrale.
Présentation
Nom local Notre-Dame
Culte Catholique romain
Type Cathédrale
Rattachement Archidiocèse de Paris (siège)
Début de la construction 1163
Fin des travaux 1345





Notre-Dame de Paris est un roman de Victor Hugo, publié en 1831. -- Résumé -- Dans le Paris du xve siècle, une jeune et superbe gitane appelée Esméralda danse sur le parvis de vaucanson. Sa beauté bouleverse l’archidiacre de Notre-Dame, Claude Frollo, qui tente de l'enlever avec l'aide de son sonneur de cloches, le malformé, Quasimodo, en effet il est bossu, sourd, et muet. Esmeralda est sauvée par une escouade d’archers, commandée par le capitaine de la garde Phoebus de Châteaupers. Quand Esmeralda retrouve Phoebus plusieurs jours plus tard, elle lui laisse voir l’amour qu’il lui a inspiré. Certes, Phoebus est fiancé à la jeune Fleur-de-Lys, mais il est également séduit par la gitane, et est de plus un homme très volage. Il lui donne rendez-vous dans une maison borgne, mais au moment où il va parvenir à ses fins, Frollo survient et le poignarde...


Personnages principaux

  • Pierre Gringoire : le personnage de Gringoire s'inspire librement du poète et dramaturge réel du même nom. Dans le roman, Gringoire est un artiste sans le sou qui cultive une philosophie du juste milieu. Il suit Esmeralda jusqu'à la Cour des miracles, puis est sauvé de la pendaison par elle lorsqu'elle accepte de se marier avec lui (mais elle n'a pas le moindre sentiment pour lui). Gringoire se fait alors truand.
  • Esmeralda : Esmeralda est une bohémienne qui séjourne à la cour des miracles. Âgée de seize ans, elle gagne sa vie en dansant dans les rues de Paris et sur le parvis de Notre-Dame. Remarquable par sa beauté, elle incarne l'innocence et la naïveté. Les désirs qu'elle suscite sont le principal engrenage de la fatalité qui lui coûte également la vie à la fin du roman. Le malheur d'Esmeralda est causé par l'amour impossible qu'elle éveille chez l'archidiacre de Notre-Dame, Claude Frollo, qu'elle craint et déteste. De son côté, Esmeralda entretient une passion naïve et aveugle pour Phœbus de Châteaupers, un capitaine de la garde dont elle admire la beauté. Le bossu de Notre-Dame, Quasimodo, qui éprouve envers elle un amour sans illusion, tente en vain de lui faire comprendre que la beauté ne fait pas tout. Considérée par tous comme une « Égyptienne », Esmeralda est en réalité la fille perdue d'une Rémoise, Paquette.
  • Claude Frollo : lointainement inspiré d'un personnage réel, Claude Frollo est l'archidiacre de Notre-Dame, mû par sa foi et son appétit de savoir. Frollo entretient son frère Jehan, et a recueilli et élevé Quasimodo. Il se trouve par la suite déchiré entre son amour pour Dieu et la passion mêlée de haine qu'il voue à Esmeralda.
  • Quasimodo : abandonné par ses parents dès la naissance à cause de sa difformité, il a été déposé devant Notre-Dame. Frollo l'a recueilli et élevé, et est le seul à savoir communiquer avec lui par signes ou avec l'aide d'un sifflet. Bossu, borgne, sourd et boiteux, il apparaît au début du roman comme une brute à la botte de Frollo, mais se révèle ensuite doté de sensibilité et d'intelligence. L'amour et le dévouement qu'il porte à Esmeralda finissent par supplanter son obéissance envers Frollo.
  • Jehan Frollo  : le jeune frère de Claude Frollo est un étudiant dissipé qui fréquente les truands de la Cour des miracles, mais compte aussi Phœbus de Châteaupers parmi ses connaissances de taverne. Lors de l'assaut de la cathédrale, il meurt fracassé contre la muraille de la cathédrale puis jeté dans le vide par Quasimodo.

  • Phœbus de Châteaupers : capitaine de la garde, il est attiré par la gitane Esmeralda sans avoir de réels sentiments pour elle. Il est déjà fiancé à Fleur-de-Lys, qui s'avère très jalouse de sa rivale.
  • Fleur-de-Lys : fiancée de Phœbus, elle est très jalouse d'Esmeralda. Elle ne pardonne à ce dernier qu'après la mort de sa rivale.
  • Clopin Trouillefou : Un des chefs de la bande des truands, il occupe une place importante à la Cour des miracles.
  • Louis XI de France : cruel, avare et calculateur, le roi de France n'apparaît que dans quelques scènes, mais il joue un rôle décisif dans la répression de la révolte des truands qui tentent de sauver Esmeralda. Intéressé par la quête de la pierre philosophale, il vient à Notre-Dame sous une fausse identité, celle du « compère Tourangeau », pour s'entretenir d'alchimie avec Claude Frollo. Louis XI apparaît fréquemment comme un personnage machiavélique dans les œuvres romantiques du XIXe siècle, et en particulier dans les romans de Walter Scott


Le sonneur de cloches de Notre-Dame, est Quasimodo, qui avait été élu Pape des Fous en raison de sa laideur. Le mystère finit par s’arrêter, à cause du manque de public. Gringoire, à cette occasion, entend parler d’Esmeralda, une danseuse bohémienne qui passe pour égyptienne. L’ayant aperçue, il la suit dans les rues de Paris à la tombée de la nuit. Esmeralda est soudainement kidnappée par Quasimodo. Mais heureusement elle est sauvée, par l’intervention d’un capitaine de la garde, Phœbus de Châteaupers. Un peu plus tard, Gringoire recroise la route d’Esmeralda et continue à la suivre, mais il se retrouve sans le vouloir au cœur de la Cour des miracles, le quartier hanté par les pires truands de la capitale. De justesse il n’est pas pendu, grâce à Esmeralda qui le prend pour mari, mais seulement pour le sauver.



«Nous n'essaierons pas de donner au lecteur une idée de ce nez tétraèdre*, de cette bouche en fer à cheval, de ce petit oeil gauche obstrué d'un sourcil roux en broussailles tandis que l'œil droit disparaissait entièrement sous une énorme verrue, de ces dents désordonnées, ébréchées çà et là, comme les créneaux d'une forteresse, de cette lèvre calleuse** sur laquelle une de ces dents empiétait comme la défense d'un éléphant, de ce menton fourchu, et surtout de la physionomie répandue sur tout cela, de ce mélange de malice, d'étonnement et de tristesse. Qu'on rêve, si l'on peut, cet ensemble.
L'acclamation fut unanime. On se précipita vers la chapelle. On en fit sortir en triomphe le bienheureux pape des fous. Mais c'est alors que la surprise et l'admiration furent à leur comble. La grimace était son visage.


Ou plutôt toute é,sa personne était une grimace. Une grosse tête hérissée de cheveux roux ; entre les deux épaules une bosse énorme dont le contre-coup se disait sentir par devant ; un système de cuisses et de jambes si étrangement fourvoyées qu'elles ne pouvaient se toucher que par les genoux, et, vues de face, ressemblaient à deux croissants de faucilles qui se rejoignaient par la poignée ; de larges pieds, des mains monstrueuses; et, avec toute cette difformit je ne sais quelle allure redoutable de vigueur, d'agilité et de courage ; étrange exception à la règle éternelle qui veut que la force, comme la beauté, résulte de l'harmonie. Tel était le pape que les fous venaient de se donner.
On eût dit un géant brisé et mal ressoudé.
Quand cette espèce de cyclope parut sur le seuil de la chapelle, immobile, trapu, et presque aussi large que haut, carré par la base (...) la populace le reconnut sur-le-champ et s'écria d'une voix:
- C'est Quasimodo, le sonneur de
 cloches !»




Terme générique
   Description
    Phrase qui récapitule

tête
pieds


tronc
mains


jambes
figure





Victor Hugo joue sur ce que le nom du bossu suggère : Quasimodo (en latin « quasi modo », en français « de la même façon ») n'est en quelque sorte qu'un quasi-homme :
« Il baptisa son enfant adoptif, et le nomma Quasimodo, soit qu'il voulût marquer par là le jour où il l'avait trouvé, soit qu'il voulût caractériser par ce nom à quel point la pauvre petite créature était incomplète et à peine ébauchée. En effet, Quasimodo, borgne, bossu, cagneux, n'était guère qu'un à peu près. »






L'Enfant de Jules Valles

Présentation de l'Enfant




Ce roman autobiographique de Jules Vallès est dédié "A tous ceux qui crevèrent d'ennui au collège ou qu'on fit pleurer dans la famille, qui, pendant leur enfance, furent tyrannisés par leurs maîtres ou rossés par leurs parents...."
Roman de Jules Vallès ( 1832-1885) . L'Enfant fut publié à Paris en feuilleton sous le titre de Jacques Vingtras et sous le pseudonyme de La Chaussade, en 1878, dans Le Siècle.
Le sous-titre l'Enfant et le nom de Vallès apparaîtront dans la troisième édition, en 1881.
L'Enfant est le premier volet de la trilogie de Jacques Vingtras. Les deux autres épisodes ont pour titre : Le bachelier et L'insurgé.
Le roman est découpé en vingt-cinq court chapitres.

Résumé du roman

Jacques, le narrateur, a au début du récit, 5 ans. Il est le fils d'une mère paysanne, injuste et sournoise, et d'un père professeur. Il raconte : "Ma mère dit qu'il ne faut pas gâter les enfants et me fouette tous les matins. Quand elle n'a pas le temps le matin, c'est pour midi et rarement plus tard que quatre heures". Jacques est triste et seul.
Heureusement la Famille comporte un certain nombre d'oncles et de tantes, des personnages plus agréables et plus sympathiques. Jacques tombe amoureux de ses cousines.
Après l'oppression maternelle, Jacques connaît l'oppression du collège : il y mange mal, et subit d'autres punitions . .....Puis Jacques évoque la petite ville où se trouve son école et la toilette ridicule que sa mère lui oblige de porter. Heureusement les vacances sont synonymes de détente . Jacques y retrouve un semblant de liberté .
Son père est nommé à Saint-Etienne et toute la famille déménage avec lui. Le narrateur va découvrir de nouvelles personnes, plutôt sympathiques. Mais Il s'ennuie au lycée, ceci malgré la lecture de Robinson Crusoé.
Les vieilles habitudes maternelles resurgissent . Les repas sont toujours pénibles : il faut manger ce que l'on n'aime pas et laisser ce qu'on préfère. La famille épargne durement.
Un voyage au pays lui permet de goûter à nouveau à la liberté. Jacques se met également à imaginer des projets d'évasion. Mais il faut rentrer. La famille connaît alors un drame : l'infidélité du père qui cherche réconfort dans d'autres bras. Puis avant le départ vers Nantes, Jacques évoque ses souvenirs . Sa mère ne cesse de faire honte à son fils. Elle se montre également intraitable et cruelle envers les domestiques successives qu'elle exploite.
Louisette, la fille d'un ami de la famille meurt, victime des mauvais traitements infligés par son père. Jacques, lui, est un bon élève. Mais suite à une aventure avec Mme Devinol, on l'envoie à la pension Legnana, située à Paris. Mais il échoue dans ses études. Sa mère vient le chercher pour le ramener à Nantes. Ce retour est pour lui, une véritable délivrance. Il se réconcilie avec son père et annonce sa décision : il sera ouvrier
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1 Cette pièce est dans tout son lustre au moment où, vers sept heures du matin, le chat de madame Vauquer précède sa maîtresse, saute sur les buffets, y flaire le lait que contiennent plusieurs jattes couvertes d'assiettes, et fait entendre son rourou matinal. Bientôt la veuve se montre, attifée de son bonnet de tulle sous lequel pend un tour de faux cheveux mal mis; elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées. Sa face vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez à bec de perroquet; ses petites mains potelées, sa personne dodue comme un rat d'église, son corsage trop plein et qui flotte, sont en harmonie avec cette salle où suinte le malheur, où s'est blottie la spéculation et dont madame Vauquer respire l'air chaudement fétide sans en être écoeurée. Sa figure fraîche comme une première gelée d'automne, ses yeux ridés, dont l'expression passe du sourire prescrit aux danseuses à l'amer renfrognement de l'escompteur, enfin toute sa personne explique la pension, comme la pension implique sa personne. Le bagne ne va pas sans l'argousin, vous n'imagineriez pas l'un sans l'autre. L'embonpoint blafard de cette petite femme est le produit de cette vie, comme le typhus est la conséquence des exhalaisons d'un hôpital. Son jupon de laine tricotée, qui dépasse sa première jupe faite avec une vieille robe, et dont la ouate s'échappe par les fentes de l'étoffe lézardée, résume le salon, la salle à manger, le jardinet, annonce la cuisine et fait pressentir les pensionnaires. Quand elle est là, ce spectacle est complet. Agée d'environ cinquante ans, madame Vauquer ressemble à toutes les femmes qui ont eu des malheurs. Elle a l'oeil vitreux, l'air innocent d'une entremetteuse qui va se gendarmer pour se faire payer plus cher, mais d'ailleurs prête à tout pour adoucir son sort, à livrer Georges ou Pichegru, si Georges ou Pichegru étaient encore à livrer. Néanmoins, elle est bonne femme au fond, disent les pensionnaires, qui la croient sans fortune en l'entendant geindre et tousser comme eux. Qu'avait été monsieur Vauquer? Elle ne s'expliquait jamais sur le défunt. Comment avait-il perdu sa fortune? Dans les malheurs, répondait-elle. Il s'était mal conduit envers elle, ne lui avait laissé que les yeux pour pleurer, cette maison pour vivre, et le droit de ne compatir à aucune infortune, parce que, disait-elle, elle avait souffert tout ce qu'il est possible de souffrir.

Balzac nous fait part de la description de la pension à Mme Vauquer. C'est une pension de famille située à Paris en 1819.
Le roman s'ouvre sur la description détaillée et statique de la pension Vauquer et il enchaîne par la description dynamique des personnages.
Nous avons Mme Vauquer au saut du lit. Pour Balzac, il s'agit de montrer le personnage et les lieux où il vit. Le décor a été modelé par le personnage et le décor agit sur ce personnage : c'est une interaction entre le décor et le personnage. Aussi, on va assister à la physiognomonie : le rapport entre physique et caractère.


I ) LE PORTRAIT PHYSIQUE ET LE CARACTERE : REALISME ET IRONIE
Balzac va faire un portrait critique de Mme Vauquer : il utilise l'ironie

A ) Traits de caractère
1°) Coquetterie et vanité
Vauquer a des faux cheveux (l.5-6).
Elle est « attifée » (l.5). Elle n'a pas eu le temps de bien placer sa perruque.
De même, elle a « un bonnet de tulle » (l.5). C'est une dentelle pas coûteuse.

2°) Laisser - aller
Elle marche en traînassant ses pantoufles (l.6).
Cela lui donne une certaine mollesse s'opposant à la vivacité du chat.
« les pantoufles grimacées » (l.6). Ces vieilles pantoufles soulignent l'avarie du personnage.
Au début, on a une vision globale : « bonnet » (l.5), pantoufle (l.6).
Tout le portrait est fait par petites touches : ce personnage est un personnage négatif dans le roman.

3°) Embonpoint du personnage
 « les mains potelées », « sa personne dodue »
: « son corsage trop plein »
: « l'embonpoint », « grassouillette »
Balzac veut nous montrer que Vauquer s'engraisse sur ces pensionnaires : elle mène une vie sédentaire.
Il insiste sur cette mauvaise graisse car elle est apparemment malade : points négatifs. : « son embonpoint blafard »
L'univers où elle vit est malsain.

4°) Comparaison avec des animaux
« un nez à bec de perroquet » : elle est bavarde et répète mécaniquement les mêmes choses non intéressantes.
 « un rat d'église » : cela évoque les lieux malpropres, un animal répugnant. Cela a donc une connotation négative et péjorative sur le décor où elle vit.
Ensuite, on découvre en elle l'hypocrisie : « l'oil vitreux » (l.24).
: elle a « l'air innocent d'une entremetteuse ».
: on a une allusion à Cadoudal et à Pichegru : « à livrer Georges ou Pichegru ». ces derniers ont comploté contre Napoléon 1er et furent arrêtés en 1804. Balzac était monarchiste comme eux et étaient donc comme Bonaparte. Cela nous montre le comble de la trahison qu'à Vauquer. Balzac annonce aussi un terme qui sera développe ultérieurement : ce sera la dénonciation du bagnard Vautrin par Michonneau.
 « les pensionnaires qui la croit sans fortune ». C'est dernier se trompe, elle a donc de l'argent et fait la comédie pour se faire passer pour pauvre.


B ) Propos rapportés des personnages
1°) Mme Vauquer
« les femmes qui ont eu des malheurs ». C'est écrit en italique car c'est ainsi que Vauquer se fait passer. Cela suggère des problèmes financiers ou sentimentaux.
Mme Vauquer représente un type à toute une catégorie d'individus. A travers un individu, Balzac montre une catégorie sociale ou psychologique.
Toute la fin du texte va faire parler Vauquer.
 « ne lui aurait laissé les yeux que pour pleurer »
Tout le passage est au style indirect libre, ainsi on voit mieux la façon dont il s'exprime.
Avant qu'elle n'ait parlé à quelqu'un, on a sa façon de s'exprimer. Elle joue souvent la comédie.

2°) L'entourage
 « elle est bonne femme au fond » : la plupart de ces pensionnaires la plaignent alors qu'ils sont plus pauvres qu'elle.
C'est un personnage impitoyable car elle règne avec sa pension : elle est redoutée.
 « en entendant trottiner sa maîtresse, la grosse Sylvie, s'empressait de servir »


II ) LE PERSONNAGE ET SON DECOR
 « sa personne dodue [.] sont en harmonie avec cette salle ».
Le personnage et le décor sont étroitement lié.


A ) Harmonie implicitement exprimée
1°) Utilisation de termes abstraits / concrets
Pour montrer le rapport entre le physique et le matériel, il utilise des mots concrets.
 « cette salle où suinte le malheur » (sens concret : 's'écoulait rapidement')
 « où s'est blotti la spéculation » (mélange de termes abstraits et concrets)

2°) Utilisation de termes Vauquer / La pension
Balzac donne l'ambiance du décor : vieux, laid, délabré (ridé), ambiance désagréable (renfrognement).
l.12 : « la gelée d'automne »
l.13 : « les yeux ridés »
l.14 : l'amer renfrognement de l'escompteur »

3°) Pour décrire Mme Vauquer, Balzac utilise des termes qui conviennent à un bâtiment
l.20 : « l'étoffe lézardée » : Vauquer est une ruine.


B ) Liens explicites entre le personnage et le décor
1°) Phrase des lignes 20 à 22
Son jupon résume le salon, la salle à manger, le jardinet, annonce la cuisine et fait pressentir les pensionnaires.
Balzac donne une valeur exemplaire : c'est elle qui explique tout le milieu, elle est au centre de la pension. A travers elle, on comprend le milieu où vont évoluer les personnages. C'est à travers elle que Balzac va lancer l'intrigue de son roman.

2°) Structures de phrases
Mme Vauquer Verbe La pension
Sa face vieillotteSes petites mains Sont en harmonie Avec cette salle
Mme Vauquer Respire L'air chaudement fétide
Sa figure, ses yeux enfin toute sa personne Expliquent La pension

La pension Verbe La pension
La pension Implique Sa personne

Les verbes sont au présent et indiquent la généralité, la permanence.


C ) Explication scientifique
Mme Vauquer a créé son décor selon elle, selon son caractère : le personnage modèle le lieu selon son tempérament et son image. Mais le milieu va lui-même influencé sur eux. Il y a double influence. DARWIN, naturaliste anglais (1809-1882) a étudié l'influence des milieux sur les espèces. Le Père Goriot, dédié à Geoffroy de Saint-Hilaire, a montré le scientifique : « la société ne fait-elle pas de l'homme suivant les milieux où son action se déploie autant d'hommes différents qu'il y a de variétés en zoologie ».
Balzac montre toujours que le milieu reflète les personnages à double titre.
A travers le Père Goriot, Balzac nous montre ses lois scientifiques.
l.18 : « le typhus est la conséquence des exhalaisons d'un hôpital

Conclusion
A propos de ce texte, on peut donc parler du réalisme de Balzac mais ce réalisme est dépassé par les symbolismes des descriptions. Les détails sont triés, choisis pour dégager une signification : le réel est donc transfiguré : il est exagéré et grossi pour être parlant.
Balzac a réussi à donner du relief à la médiocrité et de la force à la mesquinerie. Mme Vauquer reste une figure inoubliable de la Comédie Humaine





Le Dernier Jour d’un condamné est un roman de Victor Hugo publié en 1829chez Gosselin, qui constitue un réquisitoire politique pour l’abolition de la peine de mort.



Victor Hugo rencontre plusieurs fois le spectacle de la guillotine et s’indigne de ce que la société se permet de faire de sang-froid ce qu’elle reproche à l’accusé d’avoir fait. C’est au lendemain d’une traversée de la place de l’Hôtel-de-Ville où le bourreau graissait la guillotine en prévision de l’exécution prévue le soir même que Victor Hugo se lance dans l’écriture du Dernier Jour d’un condamné qu’il achève très rapidement. Le livre est édité en février 1829 par l’éditeur Charles Gosselin mais sans nom d’auteur. Ce n’est que 3 ans plus tard (15 mars 1832) que Victor Hugo complète sa nouvelle par une longue préface qu’il signe de son nom.

Résumé

Le roman se présente comme le journal qu'un condamné à mort écrit durant les vingt-quatre dernières heures de son existence dans lequel il relate ce qu'il a vécu depuis le début de son procès jusqu'au moment de son exécution, soit environ six semaines de sa vie. Ce récit, long monologue intérieur, est entrecoupé de réflexions angoissées et de souvenirs de son autre vie, la « vie d’avant ». Le lecteur ne connaît ni le nom de cet homme, ni ce qu'il a fait pour être condamné, mis à part la phrase : « moi, misérable qui ai commis un véritable crime, qui ai versé du sang ! ». L’œuvre se présente comme un témoignage brut, à la fois sur l’angoisse du condamné à mort et ses dernières pensées, les souffrances quotidiennes morales et physiques qu'il subit et sur les conditions de vie des prisonniers, par exemple dans la scène du ferrage des forçats. Il exprime ses sentiments sur sa vie antérieure et ses états d’âme...

Il se fera exécuter sous la clameur du peuple qui voit sa mort comme un spectacle.

Le personnage du roman est un être ordinaire, ni un héros, ni un truand. Il semble cultivé, il sait lire et écrire et connaît même quelques mots en latin. La richesse de son vocabulaire fait contraste avec l’argot parlé par le friauche ou chanté par la jeune fille. Mais on ne décèle en lui aucune grandeur particulière, il est le jouet de sentiments classiques : la peur, l’angoisse, la colère, l’amertume, la lâcheté, l’égoïsme, le remords… Jusqu’au bout, il espère sans y croire une grâce royale qu’il n’obtiendra jamais.
On découvre quelques bribes de sa vie passée : il a une mère et une femme qui sont évoquées brièvement, l’homme semble être résigné sur leur sort. On s’attache plus longuement à l’évocation de sa fille Marie qui est la seule visite qu’il reçoit avant son exécution mais qui ne le reconnaît pas et croit son père déjà mort. Il raconte aussi sa première rencontre amoureuse avec Pepa, une fille de son enfance. On ne sait rien de son crime, sinon qu’il reconnaît mériter la sentence et qu’il tente de s’en repentir. Croyant, il n’a cependant pas une spiritualité telle qu’il puisse trouver dans la prière la consolation, ni suivre le discours du prêtre qui l’accompagne du matin jusqu’à l’heure de son exécution.
Le faux chapitre XLVII, censé raconter sa vie, est vide.
Victor Hugo s’est longuement expliqué sur l’anonymat de son personnage. Il ne voulait pas qu’on puisse s’attacher à l’homme, en faire un cas particulier, dire « celui-là ne méritait pas de mourir mais d’autres peut-être…. » Il devait représenter tous les accusés possibles, innocents ou coupables car selon Victor Hugo, la peine de mort est une abomination pour tous les condamnés. C’est également dans ce but qu’il fait passer à travers les sentiments du personnage de nombreuses contradictions.



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Madame Bovary est un roman de Gustave Flaubert paru en 1857 dont le titre original est Madame Bovary, mœurs de province.


Emma Rouault est la fille du riche fermier M. Rouault. Elle est élevée dans un couvent. Elle rêve d'une vie mondaine comme les princesses des romans à l'eau de rose dans lesquelles elle se réfugie pour rompre l'ennui. Elle devient l'épouse de Charles Bovary, qui malgré de laborieuses études de médecine est un simple officier de santé qui pratique son métier de manière illégale. sans le savoir. Emma est déçue de cette vie monotone.
Une invitation au bal du marquis d'Andervilliers lui redonne la joie de vivre. Lorsqu’Emma attend un enfant, son mari décide de quitter la ville de Tostes et s'installer à Yonville-l'Abbaye. Emma fait la connaissance des personnalités locales : le pharmacien progressiste et athée M. Homais ; le curé Bournisien ; Léon Dupuis, clerc du notaire M. Guillaumin ; le noble libertin Rodolphe Boulanger.
Emma est déçue par la naissance de la petite Berthe, puisqu’elle aurait préféré mettre au monde un garçon. Elle s'enlise dans l'ennui, et perd tout espoir d'une vie meilleure. Elle n'éprouve plus aucun amour pour Charles, qui pourtant ne lui veut que du bien. Elle ne parvient pas non plus à apprécier sa fille, qu'elle trouve laide et qu'elle confie à Madame Rollet. Elle laisse libre cours à ses dépenses luxueuses chez son marchand d'étoffes, M. Lheureux. Elle repousse les avances de Rodolphe, et de Léon puis elle finit par céder. Ses amants sont vite lassés du sentimentalisme exacerbé de la jeune femme qui rêve de voyages et de vie trépidante.
Emma accumule une dette envers M. Lheureux, qui exige d'être remboursé. Les amants d'Emma ont refusé de lui prêter de l'argent. Emma se suicide par désespoir. Charles de son côté, meurt de chagrin.
  • Emma Bovary : personnage principal du roman
  • Charles Bovary : mari d'Emma
  • Berthe Bovary : fille d'Emma et Charles
  • Léon Dupuis : Emma tombe amoureuse de lui une première fois mais elle résiste à cet amour puis, plus tard, il deviendra le second amant d'Emma
  • Rodolphe Boulanger : premier amant d'Emma
  • Mme LeFrançois : veuve propriétaire du Lion d'Or, auberge de Yonville
  • Homais : pharmacien d'Yonville
  • Héloïse : première femme de Charles, vieille veuve de 45 ans. Charles hérite de sa fortune à sa mort.
  • Justin : commis d'Homais
  • Binet : percepteur à Yonville et capitaine des pompiers
  • Canivet : grand médecin de renom de NeufChatel
  • Bournisien : le prêtre
  • M. Lheureux : commerçant effectuant régulièrement le trajet Yonville-Rouen. Principal facteur de l'endettement d'Emma, il usera d'elle en lui revendant toutes sortes de choses futiles (rideaux en soie, tapis d'Orient...). Elle lui devra 1 000 francs au début puis 8 000 à la fin du roman.
  • Hippolyte : le garçon d'écurie du Lion d'Or au pied bot, son opération par Charles Bovary sera un échec.
  • Félicité : Bonne de madame Bovary
  • Quand la vie est un collier...

    Gif disney mickey 66161Quand la vie est un collier
    Gifs Animés Bijoux Precieux (5)Chaque jour est une perle

    Quand la vie est une cage
    Chaque jour est une larme

    Quand la vie est une forêt
    Chaque jour est un arbre

    Quand la vie est un arbre
    Chaque jour est une branche

    Quand la vie est une branche
    Chaque jour est une feuille

    Quand la vie est la mer
    Chaque jour est une vague

    Chaque vague une plainte
    Une chanson un frisson...

    Jacques PREVERT

    MON CARTABLE (Pierre Gamarra)
    Sur les bancs de l'école avec Mickey...
    Mon cartable a mille odeurs cartable

    Mon cartable a mille odeurs .

    Mon cartable sent la pomme ,
    Le livre, l'encre , la gomme ,Pot à crayons squatté par un chat...Et les crayons de couleur .

    Mon cartable sent l'orange ,

    Le buisson et le nougat .

    Il sent tout ce que l'on mange 

    Et ce qu'on ne mange pas 

    La figue et la mandarine,

    Le papier d'argent ou d'or,

    Et la coquille marine,

    Les bateaux sortant du port .(...)

    Les longs cheveux de ma mère

    Et les joues de mon papa ,

    Les matins dans la lumière , 

    La rose et le chocolat.




    A Mon défunt fils

    Que mon fils ait perdu sa dépouille mortelle
    Ce fils qui fut si brave, et que jamais si fort,
    Je ne l'impute point à l'injure du sort,
    Puisque finir à l'homme est chose naturelle.

    Mais que de deux marauds la surprise infidèle
    Ait terminé ses jours d'une tragique mort,
    En cela ma douleur n'a point de réconfort,
    Et tous mes sentiments sont d'accord avec elle

    O mon Dieu, mon Sauveur, puisque par la raison
    Le trouble de mon âme sans guérison,
    Le voeu de la vengeance est un voeu légitime,

    Fais que de ton appuie je sois fortifié,
    Ta justice t'en prie, et les auteurs du crime
    Sont fils de bourreaux qui t'on crucifié.

    François de Malherbe
    Défunt : mort
    Dépouille : corps humain après la mort
    Imputer : attribuer

    Maraud : bandit (mot ancien et rare)

    François de Malherbe est un poète du XVIe siècle. Il ne connaitra la gloire qu’a la fin de sa vie, en 1605, lorsqu’Henri IV l’accueillera à la cour.                                                                                        
    Ces poèmes, aux accents lyriques, témoignent de sa douloureuse expérience du deuil.
      
        Ce poème est constitué de quatre strophes d’alexandrin. Les deux premières strophes sont des rimes embrassées. Les deux dernières quand à elles sont en vers libres.
    Ce texte est l’élégie douloureuse d’un présent insupportable ; la mort de son fils. En effet le poète utilise en abondance le champ lexical de la mort "mortelle" vers 1, "tragique mort" vers 6. Le poète se laisse aller, par sa désespérance, à la "vengeance" de "ces bourreaux qui t’ont crucifié !" vers 14.

    La fenêtre de la maison paternelle

    Autour du toit qui nous vit naître
    Un pampre étalait ses rameaux;
    Ses grains dorés, vers la fenêtre,
    Attiraient les petits oiseaux.
    Ma mère, étendant sa main blanche,
    Rapprochait les grappes de miel,
    Et les enfants suçaient la branche,
    Qu'ils rendaient aux oiseaux du ciel.
    L'oiseau n'est plus, la mère estmorte
    Le vieux cep languit jaunissant,
    L'herbe d'hiver croît sur la porte,
    Et moi je pleure en y pensant.
    C'est pourquoi la vigne enlacée
    Aux mémoires de mon berceau,
    Porte à mon âme une pensée,
    Et doit ramper sur mon tombeau.
    Alphonse de LAMARTINE Troisièmes Méditations poétiques1849



                        La Frégate La Sérieuse


    IQu'elle était belle, ma Frégate,

    Lorsqu'elle voguait dans le vent !

    Elle avait, au soleil levant,

    Toutes les couleurs de l'agate ;

    Ses voiles luisaient le matin

    Comme des ballons de satin ;

    Sa quille mince, longue et plate,

    Portait deux bandes d'écarlate

    Sur vingt-quatre canons cachés ;

    Ses mâts, en arrière penchés,

    Paraissaient à demi couchés.


    Dix fois plus vive qu'un pirate,

    En cent jours du Havre à Surate

    Elle nous emporta souvent.

    - Qu'elle était belle, ma Frégate,

    Lorsqu'elle voguait dans le vent !
         La vie de Victor Hugo pendant son exil de Jersey
    
    
    Dans les îles de Guernesey et de Jersey, il existe plusieurs établissements et lieux en hommage au célèbre écrivain français Victor Hugo (1802-1885), que ce soit des restaurants, hôtels, auberges, musées, rues, etc. Il faut se rappeler que le célèbre poète vécut presque vingt ans dans les îles Anglo-Normandes. En effet, poursuivi par la police de Louis-Napoléon Bonaparte après le coup d’État du 2 décembre 1851 auquel il s’était publiquement opposé, Hugo s’est enfui avec sa famille à Bruxelles en 1852, puis la même année partit pour l’île de Jersey et enfin, en 1855, à l’île de Guernesey où il demeura jusqu’à son retour d’exil en 1870.
    J'aime le malheur qui m'éprouve,

    Et cette ombre où je vous retrouve,

    Ô vous à qui mon coeur sourit,

    Dignité, foi, vertu voilée,

    Toi, liberté, fière exilée,

    Et toi, dévouement, grand proscrit !



    J'aime cette île solitaire,

    Jersey, que la libre Angleterre

    Couvre de son vieux pavillon,

    L'eau noire, par moments accrue,

    Le navire, errante charrue,

    Le flot, mystérieux sillon.



    J'aime ta mouette, ô mer profonde,

    Qui secoue en perles ton onde

    Sur son aile aux fauves couleurs,

    Plonge dans les lames géantes,

    Et sort de ces gueules béantes

    Comme l'âme sort des douleurs.


    J'aime la roche solennelle
    D'où j'entends la plainte éternelle,
    Sans trêve comme le remords,
    Toujours renaissant dans les ombres,
    Des vagues sur les écueils sombres,
    Des mères sur leurs enfants morts.



    L’oiseau futé


    A quoi bon me fracasser,

    dit l’oiseau sachant chanter

    au chasseur sachant chasser

    qui voulait le fricasser.


    Si tu me fais trépasser,

    chasseur au coeoeoeoeur desséché

    tu n’entendras plus chanter

    l’oiseau que tu pourchassais.



    Mais le chasseur très froissé

    dit à l’oiseau tracassé :

    Je n’aime pas la musique

    et tire un coup de fusique.



    Le chasseur manque l’oiseau

    qui s’envole et qui se moque.
    Le chasseur se sent bien sot,
    et l’oiseau lui fait la nique.
    Après tout, dit le chasseur,
    j’aime beaucoup la musique.
    Moi-z-aussi dit le siffleur
    se perchant sur le fusique.
    Claude Roy
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    PIERRE GAMARRA
    L'homme qui te ressemble 

    J'ai frappé à ta porte
    Pour avoir un bon lit
    J'ai frappé à ton cœur
    Pour avoir un bon lit
    Pour avoir un bon feu
    Pourquoi me repousser ?
    Ouvre-moi, mon frère ... !

    Pourquoi me demander
    Si je suis d'Afrique
    Si je suis d'Amérique

    si je suis d'Asie 
    Si je suis d'Europe ?
    Ouvre-moi, mon frère ...!

    Pourquoi me demander

    La longueur de mon nez
    L'épaisseur de ma bouche
    La couleur de ma peau
    Et le nom de mes dieux ?
    Ouvre-moi, mon frère ... !

    Ouvre-moi ta porte
    Ouvre-moi ton cœur
    Car je suis un homme
    L'homme de tous les temps
    L'homme de tous les cieux
    L'homme qui te ressemble .. .!





    René Philombe. 


    Outils posés sur une table


    Mes outils d'artisan
    sont vieux comme le monde
    vous les connaissez
    je les prends devant vous :
    verbes adverbes participes
    pronoms substantifs adjectifs.

    Ils ont su ils savent toujours
    peser sur les choses
    sur les volontés
    éloigner ou rapprocher
    réunir séparer
    fondre ce qui est pour qu'en transparence
    dans cette épaisseur
    soient espérés ou redoutés
    ce qui n'est pas, ce qui n'est pas encore,
    ce qui est tout, ce qui n'est rien,
    ce qui n'est plus.

    Je les pose sur la table
    ils parlent tout seuls je m'en vais.
    Jean Tardieu, "Poèmes pour la main droite" Formeries



    Mathématiques 


    Quarante enfants dans une salle,

    Un tableau noir et son triangle

    Un grand cercle hésitant et sourd

    Son centre bat comme un tambour


    Des lettres sans mots ni patrie


    Dans une attente endolorie.

    Le parapet dur d’un trapèze,

    Une voix s’élève et s’apaise

    Et le problème furieux


    Se tortille et se mord la queue.


    La mâchoire d’un angle s’ouvre.


    Est-ce une chienne ? Est-ce une louve ?


    Et tous les chiffres de la terre,


    Tous ces insectes qui défont

    Et qui refont leur fourmilière


    Sous les yeux fixes des garçons.

    Jules Supervielle

    Qui es-tu? 





    Je suis enfant de Guinée,
    Je suis fils du Mali,
    Je sors du Tchad ou du fond du Bénin,
    Je suis enfant d’Afrique...
    Je mets un grand boubou blanc,
    Et les blancs rient de me voir
    Trotter les pieds nus
    Dans la poussière du chemin...
    Ils rient ?
    Qu' ils rient bien
    Quant à moi, je bats des mains
    Et le grand soleil d’Afrique
    S’ arrête au zénith pour m’ écouter
    Et me regarder,
    Et je chante, et je danse,
    Et je chante, et je danse.


    Francis Bebey